Books by Grégory Delaplace

Éditions du Seuil, 2024
Nous nous plaisons à imaginer que les humains ont inventé les rituels funéraires pour arrêter d’o... more Nous nous plaisons à imaginer que les humains ont inventé les rituels funéraires pour arrêter d’oublier ; nous nous plaisons même à imaginer que c’est ce geste qui a fondé l’humanité et la culture. Et si les morts avaient toujours été déjà là ? Et si l’humanité était née hantée ? Les pratiques funéraires auraient alors été élaborées par d’habiles médiums pour contenir le débordement des revenants.
En menant une anthropologie inédite des fantômes, Grégory Delaplace montre quels genres d’êtres et quels genres d’interlocuteurs les défunts sont invités à devenir. Il rend compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ceux-ci échappent aux cadres prévus pour les accueillir. C’est aussi que la détérioration de la planète les ayant fait proliférer, les spectres permettent de penser la catastrophe. On découvrira combien les ancêtres sont des fantômes mis au pas, des morts à qui les vivants ont appris à vivre, enfin.

Vues de l'esprit, Nov 19, 2021
Les habitants des maisons hantées s’inquiètent des présences invisibles qui troublent leur quotid... more Les habitants des maisons hantées s’inquiètent des présences invisibles qui troublent leur quotidien. Il leur arrive de demander de l’aide pour qualifier ces inquiétantes apparitions. En Angleterre, la Société pour la recherche psychique avait précisément été créée pour répondre à de telles interrogations. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, face aux appels qui lui sont soumis, le jeune enquêteur Donald West affiche un scepticisme inébranlable. Ce dialogue de sourds, confronté à d’autres réponses possibles, permet de mettre en évidence différentes manières de qualifier ces perturbations de l’expérience ordinaire. La subtile enquête menée dans ce livre à propos de ces investigations contradictoires chemine vers une proposition de méthode : les fantômes appartiennent à la texture des lieux qu’ils hantent. Si seules certaines « intelligences particulières » savent se montrer sensibles à leur présence, c’est qu’elles habitent déjà le monde en étranger.
Préface de Vinciane Despret

EPHE-CEMS, Jan 5, 2009
L’Invention des morts explore les relations que les Mongols entretiennent au quotidien avec leurs... more L’Invention des morts explore les relations que les Mongols entretiennent au quotidien avec leurs défunts. S’appuyant sur une enquête menée chez les pasteurs nomades Dörvöd et dans la capitale Ulaanbaatar de 1999 à 2005, Grégory Delaplace montre que les morts sont au centre de pratiques discrètes, par lesquelles éleveurs et citadins embrassent ou rejettent des idéologies modernistes et socialisent un environnement peuplé de « maîtres » invisibles. L’étude successive des sépultures, des histoires de fantômes et des usages sociaux de la photographie conduit le lecteur à travers les multiples procédés et petites trouvailles tactiques par lesquels les morts sont « inventés » comme les partenaires de relations formelles ouintimes qui subvertissent les cadres institutionnels imposés par l’État et le clergé. En décrivant à travers des matériaux originaux l’art de vivre avec les morts dans la Mongolie d’aujourd’hui, ce livre ne comble pas seulement un manque dans la littérature ethnographique régionale, il propose une méthode renouvelée pour l’anthropologie.
Papers by Grégory Delaplace

Cahier de L'Herne Philippe Descola, 2024
Les hommes portent des guêtres, cotte, surcotte et cape de velours, les femmes une ample robe d’é... more Les hommes portent des guêtres, cotte, surcotte et cape de velours, les femmes une ample robe d’épais tissus, ajustée d’une ceinture – parfois même un touret. L’ambiance est joviale, festive en réalité, tout ce petit monde semble s’amuser beaucoup. C’est le réveillon de l’an 2000 et, pour l’occasion, Bruno Latour et sa femme Chantal ont convié leurs amis au Château de Châtelperron, dont ils connaissent bien le propriétaire et à côté duquel ils louent depuis longtemps une maison de vacances . Philippe Descola est présent, en compagnie d’Anne-Christine Taylor ; Eduardo Viveiros de Castro est là aussi avec son épouse Déborah Danowski. La fête est costumée, le thème : Moyen Âge. Fêtons l’an 2000 comme s’il s’agissait de l’an 1000, en somme. L’idée est charmante, réjuvénatrice ou peut-être apotropaïque : fêtons nos quarante ans comme si nous en avions vingt, entrons dans cette nouvelle ère comme si elle était déjà révolue – conjurons l’inquiétude de ce qui vient en rêvant à ce qui fut.

Cahier de L'Herne Philippe Descola, 2024
Ce sont sept cahiers de format A5, de 192 pages à grands ou petits carreaux, solidement reliés so... more Ce sont sept cahiers de format A5, de 192 pages à grands ou petits carreaux, solidement reliés sous une couverture cartonnée décorée de marbrures bleues, jaunes, ou rouges. Ce sont les sept volumes du carnet de terrain que Philippe Descola a tenu d’un bout à l’autre de ses séjours ethnographiques auprès des Achuars de l’Oriente équatorien, en Amazonie – le premier en compagnie de son épouse Anne-Christine Taylor, d’août 1976 à mars 1979, et dont le compte rendu occupe à lui seul six cahiers, le second de juillet à septembre 1984. Il est rare qu’un anthropologue rende ses carnets publics, sans nul lissage ou réécriture. Lieux de la production du savoir ethnographique, ils en restent pourtant généralement une boîte noire, l’espace d’inscription parfois un peu honteuse, souvent scandaleuse , d’une expérience quotidienne d’imprégnation culturelle, de l’apprentissage patient des règles de bienséance, ou des bourdes plus ou moins conséquentes et plus ou moins révélatrices des soubassements impensés de toute existence collective.
Ateliers d'anthropologie, 2023
Journal of Ethnology and Folkloristics, 2023
Dwelling well, for the Dörvöd herders with whom I have interacted over the years, involves gettin... more Dwelling well, for the Dörvöd herders with whom I have interacted over the years, involves getting a few things right about the invisible. On the one hand, they need to navigate spaces that are teeming with ‘things’ that not everybody can see plainly, and which are best left undisturbed. On the other hand, behaving properly towards spiritual ‘land masters’ that constitute the places through which herders circulate involves them conforming to a certain regime of marking, i.e. a geography that implicitly values discretion and disappearance. Considering two apparatuses with which the invisible is either taken care of or produced – saddled horses and gravesites –, this paper explores a concern, and a talent, that people in Mongolia exhibit for things that exist by virtue of (dis)appearing.
Ateliers d'anthropologie, 2022

Les idées de l'anthropologie, 2022
Introduction à la réédition du livre "Les idées de l'anthropologie", par Philippe Descola, Gérard... more Introduction à la réédition du livre "Les idées de l'anthropologie", par Philippe Descola, Gérard Lenclud, Carlo Severi et Anne-Christine Taylor.
Montrer que l’anthropologie est une science, reposant sur des attendus théoriques élaborés depuis plus d’un siècle, tel est le projet de ce livre. Il présente les principales notions mobilisées par les anthropologues dans leurs enquêtes : la cause, la fonction, la structure et l’histoire. L’ouvrage propose ainsi une réflexion épistémologique sur la construction intellectuelle d’une discipline qui a trouvé sa place au cœur des sciences de l’homme.
Initialement publié en 1988, ce livre écrit au début de leur carrière par quatre anthropologues aujourd’hui mondialement reconnus, Philippe Descola, Gérard Lenclud, Carlo Severi et Anne-Christine Taylor, est enrichi d’une introduction de Grégory Delaplace qui éclaire son actualité ainsi que d’une postface inédite.

Inner Asia, 2022
This article sketches out the conditions in which winning (türüüleh) may be achieved in Mongolian... more This article sketches out the conditions in which winning (türüüleh) may be achieved in Mongolian wrestling tournaments. Fieldwork carried out before, during and after the yearly competition of Naadam in the summer of 2019 suggests that these condi- tions are indeed rather diverse in nature. Getting ready for a contest requires wrestlers to be tending to several aspects of their personhood, as their strength, power (byar) or the success of their techniques (meh) depend not only on their physical preparedness, but also on a delicate balancing of social, technical and cosmological skills. Winning in Mongolian wrestling seldom relies on an individual performance only: following contenders in district, regional and national Naadam tournaments as they prepare for, take part in and reflect on these, we want to show that coming out on top requires a plan, or a ‘picture’ (zurag), which might or might not prevail, i.e. ‘come in’ (oroh), over that of other wrestlers. This plan involves enlisting the support of competing wrestlers, and therefore mobilising such resources as kinship, autochthony or money in order to convince them to do so. It is indeed a delicate balance between physical strength, cosmological caution and political strategy that a wrestler must strike for his plan to prevail in a competition, and it is perhaps no wonder if their person and their success should be given such a political importance in Mongolia today.
Etudes Mongoles et Sibériennes, Centrasiatiques et Tibétaines, 2021
This paper proposes to explore how being “skillful” (mergen) plays out and is relied upon in Mong... more This paper proposes to explore how being “skillful” (mergen) plays out and is relied upon in Mongolia within two different contexts, archery and divination, both linked to “cairns” (ovoo) in more than one way. In these contexts, skillful people are expected to embody a virtue that any Mongolian man or woman is supposed to exhibit daily in a less spectacular and consequential manner. As prominent bearers of skillfulness, archers and diviners are indeed relied upon to respond with accuracy to a complex set of potentially clashing variables, and thus to ensure each in their own way the proper and fortunate positioning of people within an intensely heterogeneous cosmos.
Available online open access: https://journals.openedition.org/emscat/5085

Reassembling Democracy. Ritual as a Cultural Resource, 2020
Something is enchanted in the state of Mongolia. Surely, this enchantment has something to do wit... more Something is enchanted in the state of Mongolia. Surely, this enchantment has something to do with the fact that Mongolian government has officially allowed shamanism to flourish again alongside Buddhism, after a long period of repressive regimes. 1 And high-ranking politicians, indeed at times the president himself, have been keen since then to have religious specialists conduct official ceremonies on behalf of the government (e.g. Delaplace 2010; Merli 2010). But the enchantment of Mongolian politics in the postsocialist period runs even deeper. More profoundly indeed, the performance of democracy, the embracing of liberalism as an economic doctrine and the enactment of individual liberties have been surrounded with the aura of a certain mystique. This mystique has set what Caroline Humphrey (1992: 377) called the 'deep past' at the source of any kind of 'moral authority' , construing it as a framework within which any decision concerning the collective future of Mongolian people should be made. Firmly established at the core of this source of moral authority is the figure of Chinggis Khan, considered the founder of Mongolian polity and referenced as the creator of the very world Mongolian people have been bestowed (Shimamura 2014: 22-4, 303-5). Honouring Chinggis Khan's legacy is more or less explicitly regarded as the prerequisite to any policy or collective decision, at every level of the state. This legacy might take the form of the 'blood' (tsus) Mongolian people inherited from him, 2 or that of the '(home)land' (nutag) he secured and in which his spirit lives on, or even that of the customs he has established, in a more or less direct way, for Mongolian people to live in 'harmony' (ev). This general understanding of Mongolian people's responsibility towards their own past is likely to come up in many kinds of public matters. Most lately, for instance, 3
Inner Asia, 2019
This paper is an attempt to understand dwelling in Mongolia as the cultivated balancing of three ... more This paper is an attempt to understand dwelling in Mongolia as the cultivated balancing of three interconnected virtues, prominently exhibited by some particular characters and exemplary people, yet actually to varying degrees expected from anybody else. These virtues are skilfulness (being mergen), force (hiimor’) and power or diplomacy (erh); they are best embodied by archers, wrestlers and rulers, respectively. Drawing on three ethnographic vignettes featuring a troubled diviner, an unlucky young man and a confused anthropologist, this paper highlights how different kinds of people strive to dwell well in post-socialist Mongolia, associating elements that compose the world they live in and checking the conditions in which they might impose themselves in it.

Ateliers d'anthropologie, 2021
La photographie ethnographique du début du xxe siècle, dans son intention de rendre la « culture ... more La photographie ethnographique du début du xxe siècle, dans son intention de rendre la « culture » visible à travers la figuration objective de scènes spécifiques de la vie autochtone, peut être envisagée par opposition à deux autres utilisations scientifiques de l’appareil photo à cette époque : d’une part, les photographies anatomiques des anthropologues physiques et, de l’autre, les photographies de fantômes des cercles spirites. En effet, si saisir la « culture » consiste à faire apparaître plus que des corps immobiles sur l’image, ce qui nécessite la mise en place de dispositifs complexes permettant de capturer leur présence devant l’objectif, les premiers ethnographes sont soucieux de ne pas trop en faire non plus, car la « culture » est censée se manifester d’une façon plus subtile que les fantômes révélés par la photographie spirite. Cet article soutient donc que photographier la « culture », au début du xxe siècle, implique de bien calibrer son invisibilité. Il décrit certains des dispositifs et méthodes qu’emploient les premiers ethnographes afin de faire objectivement apparaître la culture.

Visual Anthropology Review, 2019
In its intent to make “culture” visible through the objective depiction of specific scenes of ind... more In its intent to make “culture” visible through the objective depiction of specific scenes of indigenous life, ethnographic photography at the turn of the twentieth century could be understood against two other scientific uses of the camera at that time: the anatomic photographs of physical anthropologists, on the one hand, and the ghost photographs of spiritualist circles, on the other. Indeed, while capturing “culture” involved having more than still bodies appear on the picture, which implied elaborate apparatuses meant to make it happen in front of the camera lens, early ethnographers were anxious not to let too much appear either, as “culture” was supposed to manifest itself more subtly than the ghosts revealed through spirit photography. This article thus argues that photographing “culture” at the turn of the twentieth century meant getting its invisibility right; it describes some of the devices and operations early ethnographers used to make it appear objectively.

Terrain. Anthropologie et Sciences Humaines, 2018
Que se passe-t-il lorsque les morts apparaissent, lorsque les fantômes se manifestent ? Par-delà ... more Que se passe-t-il lorsque les morts apparaissent, lorsque les fantômes se manifestent ? Par-delà la diversité des contextes, des époques et des approches adoptées, il s’agit ici d’envisager les fantômes non seulement comme des choses auxquelles on croit (ou non), mais aussi et surtout comme des choses qui arrivent, comme des événements. Par les institutions qu’ils mettent en branle, les doutes qu’ils occasionnent ou les solutions auxquelles ils donnent lieu, ces événements activent les solidarités, ravivent les conflits et tracent le contour des collectifs ; en un mot, ils contraignent les vivants à recomposer leur monde. Documenter une apparition invite ainsi non seulement à se demander ce qui apparaît – à décrire la forme que peuvent prendre les fantômes à travers le monde – mais aussi ce que les apparitions font apparaître – ce qu’un fantôme rend visible dans l’événement de son surgissement.
Terrain, 2018
What is it that happens when the dead appear, when ghosts manifest? Beyond the variety of context... more What is it that happens when the dead appear, when ghosts manifest? Beyond the variety of contexts, eras and approaches presented here, this volume considers ghosts not only as things that are believed in (or not), but also – and above all – as things that happen, as events. By the institutions they set in motion, the doubts they stir, or the solutions they inspire, these events generate solidarity, rekindle old conflicts, and define the borders of communities; in short, they force the living to recompose their world anew. Documenting an apparition invites us not only to ask what appears – that is, the forms that ghosts may take around the world – but also what it is that the apparitions themselves make appear; what is made visible as a result of a ghost’s manifestation.

L'Homme, Jun 27, 2017
Les débats éthiques liés à l’usage de drones de combat par les États-Unis, dans le cadre d’opérat... more Les débats éthiques liés à l’usage de drones de combat par les États-Unis, dans le cadre d’opérations militaires au Pakistan, en Afghanistan, en Somalie et au Yémen, se sont principalement concentrés sur le cas des frappes dites de « personnalité », dont le propos affiché est d’éliminer à distance des hauts responsables d’organisations « terroristes ». La majorité des frappes menées par les drones américains, pourtant, ne vise pas des personnes préalablement connues des services secrets, mais des individus anonymes « identifiés » sur la base de leur comportement, observé depuis le ciel, perçu comme présentant une menace. Les cibles de ces frappes, dites de « signature », n’apparaissent donc aux opérateurs des drones qu’à travers certains signes qu’il s’agit non seulement de détecter, mais aussi d’interpréter collectivement. En tirant parti des données disponibles sur le sujet, et notamment de la transcription intégrale d’une attaque menée en Afghanistan par l’armée américaine en février 2010, cet article tente d’examiner dans le détail par quel processus des cibles invisibles en viennent à être identifiées comme telles par les drones de combats américains.

L'Homme, 2017
The ethical debates surrounding the use of combat drones by the United States for military operat... more The ethical debates surrounding the use of combat drones by the United States for military operations in Pakistan, Afghanistan, Somalia, and Yemen have tended to focus on the particular case of so-called “person- ality strikes,” whose declared purpose is to remotely assassinate high-level represent- atives of “terrorist” organizations. Rather than targeting people previously identified by the secret services, however, the majority of drone strikes carried out nowadays by US drones actually target anonymous individu- als, who come to be “identified” as a threat on the basis of their behavior as perceived from above. Within the context of these attacks, referred to as “signature strikes,” targets appear to drone operators through certain signs that require a collective interpretative process following their detection. Drawing partly on the available data on this topic, and in particular on the unabridged transcript of an attack carried out in Afghanistan by the US armed forces in February 2010, this arti- cle tries to chart how exactly invisible targets come to be identified as such by US combat drones.
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Books by Grégory Delaplace
En menant une anthropologie inédite des fantômes, Grégory Delaplace montre quels genres d’êtres et quels genres d’interlocuteurs les défunts sont invités à devenir. Il rend compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ceux-ci échappent aux cadres prévus pour les accueillir. C’est aussi que la détérioration de la planète les ayant fait proliférer, les spectres permettent de penser la catastrophe. On découvrira combien les ancêtres sont des fantômes mis au pas, des morts à qui les vivants ont appris à vivre, enfin.
Préface de Vinciane Despret
Papers by Grégory Delaplace
Montrer que l’anthropologie est une science, reposant sur des attendus théoriques élaborés depuis plus d’un siècle, tel est le projet de ce livre. Il présente les principales notions mobilisées par les anthropologues dans leurs enquêtes : la cause, la fonction, la structure et l’histoire. L’ouvrage propose ainsi une réflexion épistémologique sur la construction intellectuelle d’une discipline qui a trouvé sa place au cœur des sciences de l’homme.
Initialement publié en 1988, ce livre écrit au début de leur carrière par quatre anthropologues aujourd’hui mondialement reconnus, Philippe Descola, Gérard Lenclud, Carlo Severi et Anne-Christine Taylor, est enrichi d’une introduction de Grégory Delaplace qui éclaire son actualité ainsi que d’une postface inédite.
Available online open access: https://journals.openedition.org/emscat/5085
En menant une anthropologie inédite des fantômes, Grégory Delaplace montre quels genres d’êtres et quels genres d’interlocuteurs les défunts sont invités à devenir. Il rend compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ceux-ci échappent aux cadres prévus pour les accueillir. C’est aussi que la détérioration de la planète les ayant fait proliférer, les spectres permettent de penser la catastrophe. On découvrira combien les ancêtres sont des fantômes mis au pas, des morts à qui les vivants ont appris à vivre, enfin.
Préface de Vinciane Despret
Montrer que l’anthropologie est une science, reposant sur des attendus théoriques élaborés depuis plus d’un siècle, tel est le projet de ce livre. Il présente les principales notions mobilisées par les anthropologues dans leurs enquêtes : la cause, la fonction, la structure et l’histoire. L’ouvrage propose ainsi une réflexion épistémologique sur la construction intellectuelle d’une discipline qui a trouvé sa place au cœur des sciences de l’homme.
Initialement publié en 1988, ce livre écrit au début de leur carrière par quatre anthropologues aujourd’hui mondialement reconnus, Philippe Descola, Gérard Lenclud, Carlo Severi et Anne-Christine Taylor, est enrichi d’une introduction de Grégory Delaplace qui éclaire son actualité ainsi que d’une postface inédite.
Available online open access: https://journals.openedition.org/emscat/5085
Les contributeurs de ce Cahier discutent ainsi les apports théoriques de ses propositions, non sans faire droit à certaines critiques (Jacques Rancière, Tim Ingold,…), s’attachent à souligner son engagement et les applications concrètes auxquelles sa pensée se prête (Jérôme Baschet, Pierre Charbonnier,…), ou bien livrent des témoignages personnels revenant sur des moments majeurs de sa carrière (Eduardo Viveiros de Castro, Bruno Latour,…). Des textes, des discours et des conférences inédites mais aussi un important extrait du carnet de terrain tenu par Philippe Desocla lors d’une visite chez les Achuars dans les années 1970, et etayé de facsimilés du manuscrit et de photographies, nous donnent à voir l’importance d’une œuvre qui s’attache à montrer l’irréductible pluralité des manières de peupler le monde que nous habitons.
Il y est question bien entendu de ces fantômes et esprits, ces personnages récurrents de l’anthropologie sociale depuis ses débuts, qui sont diversement nommés, accueillis ou exorcisés à travers les collectifs où leur réalité est admise plus ou moins volontiers. Il est question aussi d’autres phénomènes étranges, perturbants ou ambigus, dont le caractère spectral, fantomatique, semble déterminer d’emblée les modalités de leur traitement anthropologique : des divinités soudain manifestes, des cadavres anonymes qui n’ont pas même pris le temps de devenir revenants, des intrus extraterrestres potentiellement hostiles et autres présences suspectes qui prolifèrent à l’ombre des complots. Mais l’ethnographie rencontre aussi des choses plus ordinairement invisibles, qui n’en sont que plus délicates à saisir comme phénomènes d’apparition : des molécules de dioxyde de carbone dont on s’éprend ou dont on s’effraie, des paysages dont la beauté naturelle et culturelle doit être institutionnellement encadrée, le constat anecdotique de la possibilité que chaque rencontre entre des personnes, ou entre des personnes et des lieux, puisse en réalité avoir été prédestinée.
En documentant ethnographiquement les circonstances et les conditions d’apparition de ces choses, en comparant — ne serait-ce que par la vertu de leur description conjointe — ce que les modes d’existence de ces dernières peuvent avoir d’analogue ou même de commun, les études de cas rassemblées dans ce numéro thématique contribuent à tracer les limites et expérimenter les ressorts d’une anthropologie de l’invisible.
En réunissant archéologues, anthropologues, et historiens autour de cette question, les actes du 11e colloque annuel de la MAE entendent montrer que, bien au contraire, ce lieu commun de la recherche en sciences humaines mérite aujourd’hui d’être revisité.
Du traitement ambigu du cadavre des souverains incas, que ses sujets continuent de traiter comme s’il était vivant aux pratiques incertaines qui entourent les nourrissons morts dans les hôpitaux français, des sépultures monumentales de l’âge du Fer crétois aux tombes soignées mais anonymes des chrétiens de l’Éthiopie médiévale et moderne, du déménagement forcé des sanctuaires ancestraux chinois dans la mégalopole de Shenzen aux sépultures mayas découvertes au cœur même des maisons, les études de cas rassemblées dans ce livre invitent à une nouvelle réflexion sur ce qui peut constituer la place des morts à travers les sociétés humaines du passé et du présent.
Il semble que cette place n’est pas aussi fixe, certaine et univoque que les travaux classiques sur le funéraire avaient pu le laisser croire. Au fil des chapitres, le lecteur constatera qu’elle est plutôt l’objet d’incertitudes récurrentes et de négociations, qu’elle n’est pas nécessairement associée à une sépulture visible ou à une volonté univoque de souvenir, et surtout, que les morts circulent bien davantage, et souvent bien plus vite, qu’on ne le pense.
https://www.rts.ch/play/radio/la-vie-aux-temps-du-coronavirus/audio/episode-11--quallons-nous-faire-de-tous-ces-morts-?id=11239550