Books by Emilie d'Orgeix

Dans la ville corsetée d'ancien régime où « les bourgeois sont, pour ainsi dire, les uns sur les ... more Dans la ville corsetée d'ancien régime où « les bourgeois sont, pour ainsi dire, les uns sur les autres », selon Vauban, les terrains situés au-delà de l'enceinte attisent toutes les convoitises. si l'administration militaire impose officiellement l'établissement d'une zone non aedificandi où toute construction est interdite-vaste anneau périphérique qui ne cesse de s'élargir au cours des XVIIe et XVIII e siècles-, l'ensemble des archives dévoile une réalité de terrain bien différente. au pied des remparts, agents du roi, administrateurs municipaux, gestionnaires militaires et habitants se livrent une guerre sans merci pour s'approprier des espaces où tous se considèrent comme légitimes. La zone, souvent interlope, toujours bruyamment revendiquée par la population, bruisse d'infractions et de « petits arrangements » entre voisins de tout rang et de tout bord. Loin du portrait policé qu'offre la cartographie officielle, il n'y est question que de potagers clandestins établis dans les fortifications, de lavoirs, d'étendoirs, de mares à canards et même de futaies à haut vent plantées sur les glacis qui entravent les tirs depuis les bastions.
Gendarmer les populations n'est pourtant pas le seul défi auquel doit répondre l'administration militaire. sur « les dehors » des villes, les ingénieurs du roi se retrouvent confrontés à des travaux titanesques impliquant la gestion simultanée d'un grand nombre de corps bâtisseurs et ouvriers, le transport de centaines de milliers de mètres cubes de terre, la construction d'imposants ouvrages militaires et l'établissement de terrains pouvant être rapidement inondés en cas d'attaque. au fil des décennies, la lente expertise qu'ils acquièrent en fait le principal outil d'un système de modélisation du territoire qui transforme durablement la physionomie des villes.
Cet ouvrage traite ainsi de la construction des marges de la ville à l'époque moderne, tout en allant bien au-delà. il illustre combien la périphérie urbaine, dont la naissance est encore souvent associée aux mutations de l'ère industrielle, a en réalité constitué l'un des principaux laboratoires de la fabrique urbaine d'ancien régime, reconstruisant par là même la généalogie brisée entre villes modernes et contemporaines.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, tandis que les grands ateliers cartographiques européens s’affairent... more Aux XVIIe et XVIIIe siècles, tandis que les grands ateliers cartographiques européens s’affairent à l’édition de luxueuses séries d’atlas universels pour leur clientèle la plus fortunée, c’est au plus près du terrain que les ingénieurs militaires façonnent patiemment leur propre conception de l’atlas militaire manuscrit, à bien des égards plus intimiste et secrète. Si leurs ouvrages se définissent toujours comme des « livres reliés de cartes et plans », ils adoptent des formes infiniment diverses, allant du simple ramas de documents utile à l’exercice de la profession, en passant par la visite de places commandée par l’administration militaire, jusqu’au somptueux recueil dédicatoire. Dessinés à la plume et souvent rehaussés de lavis, ces recueils conçus à des fins stratégiques, dressent le portait inédit et toujours confondant de précision de provinces, païs, villes fortifiées et ouvrages militaires, tour à tour défendus ou convoités par l’État monarchique.
Cet ouvrage abondamment illustré, qui réunit une étude historique et un catalogue raisonné complété d’index de lieux et d’auteurs, présente pour la première fois, planche par planche, l’un des gisements cartographiques d’Ancien Régime les plus exceptionnels qui soit conservé dans les fonds d’Île-de-France. Instrument de recherche inestimable pour l’histoire des villes, de l’architecture et des territoires, il éclaire l’ensemble des processus de réformation orchestrés en France entre les règnes d’Henri IV et de Louis XV, tout en faisant la part belle aux pays européens et aux États du Levant.

La région Champagne-Ardenne possède un patrimoine cartographique extrêmement riche et diversifié ... more La région Champagne-Ardenne possède un patrimoine cartographique extrêmement riche et diversifié qui est encore méconnu. Les cartes, plans et vues conservés dans les centres d'archives et les bibliothèques offrent un splendide témoignage sur le travail accompli, de la Renaissance à nos jours, pour illustrer et enrichir la représentation du territoire. Un important de repérage, de référencement et de numérisation de ces collections cartographiques a été mené au début des années 2000, travail qui montre la richesse de ces cartes trop peu étudiées.
Au fil des progrès techniques de la cartographie, notamment sous l'égide de l'Académie royale des sciences, et des réformes administratives structurant le territoire, leurs contours et leurs particularités physiques, économiques et sociales se précisent entre le XVIIe siècle et le XXe siècle. La Champagne et les Ardennes apparaissent sur les cartes en même temps que se cartographie le royaume de France. Comme il s'agit de régions frontalières, une part importante est accordée aux atlas militaires et aux plans de fortifications, tels ceux de Louis Nicolas de Clerville et de Renaud Sedanois. L'oeuvre des cartographes locaux, dont certains eurent une renommée nationale comme Claude de Chastillon, est également évoquée.
Papers |Articles by Emilie d'Orgeix

Forme du savoir, forme de pouvoir : Les atlas géographiques à l'époque moderne et contemporaine,, 2022
Dans son essai intitulé L'instauration du tableau, Victor Stoichita oppose la tradition picturale... more Dans son essai intitulé L'instauration du tableau, Victor Stoichita oppose la tradition picturale italienne de la Renaissance, productrice d'une « culture de l'image », à celle de la sphère nordique qu'il définit comme une « culture en images » faisant pleinement usage de principes d'emboîtement et d'enchâssement d'« images dans des images 1 ». Ces deux cultures visuelles ont produit, selon lui, des effets de sens bien différents : la première théorisante accordant le primat à des principes unitaires de composition issus de la costruzione legittima codifiée en Italie durant la première moitié du XV e siècle ; la seconde métapicturale, se fondant sur une conception de lecture guidée, soutenue par des pratiques de montage et d'encastrement d'images. Si ce dernier principe s'est déployé à grande échelle dans les cabinets d'amateurs, il se retrouve également dans l'assemblage de pièces gravées de petite dimension. Pour Ralph Dekoninck, ces images sont productrices d'un discours visuel narratif étroitement lié à la culture des ateliers de peintres et de graveurs actifs dans les anciens Pays-Bas espagnols 2. Usant du principe de l'ars combinatoria, certains d'entre eux, tel le graveur anversois Jérôme Wierix (1553-1619), ont créé de véritables machineries visuelles en combinant vignettes et saynètes sur les estampes votives de la fin du xvI e siècle. Chaque registre figuratif figurant sur une planche, qu'il ait été historique, symbolique ou allégorique, n'y prend sens qu'une fois mis en relation avec les autres (fig. 1). Dans le contexte contemporain de l'édition cartographique, cette « nouvelle manière de travailler à/sur l'image », pour reprendre la formule de Stoichita 3 , est particulièrement pertinente à convoquer. C'est en effet au sein de cette culture visuelle, nourrie par la tradition des retables à panneautins aux volets mobiles de la fin de l'époque médiévale, que l'une des premières formes d'atlas est née. La ville d'Anvers, « métropole de l'Occident 4 » représente ainsi, autour des années 1550, le principal foyer de ces nouvelles expérimentations nourries tant par la fertilité que le nombre de ses ateliers d'imprimeurs. Or, c'est précisément dans l'atelier 5 Ortelius 1579.
L’Ecole d’architecture de Bordeaux. Héritages et perspectives
Ser Hechura de: ingeniería, fidelidades y redes de poder en los siglos XVI y XVI, 2019
The Fundación Juanelo Turriano has made every effort possible to find out who the owners of the c... more The Fundación Juanelo Turriano has made every effort possible to find out who the owners of the copyrights are for all the images that appear here and to find out what reproduction permits are required. If there have been any unintentional omissions, the owners of the rights or their representatives may write to Fundación Juanelo Turriano.
![Research paper thumbnail of Grégoire Binois & Emilie d'Orgeix, "Entre terrain et dépôt : envisager les mi-lieux de production des ingénieurs militaires géographes (XVIIe-XVIIIe siècle)", Lieux et milieux de savoirs [...] (S. Dumas Primbault, P.A Tortosa, M. Vailly dir.), Carnets F. Viète, Série III | 10, 2021, p. 87-112.](https://attachments.academia-assets.com/66292007/thumbnails/1.jpg)
Carnets François Viète, 2021
Résumé
Fondé sur l’étude de saisies militaires après-décès, cet article aborde les conditions de... more Résumé
Fondé sur l’étude de saisies militaires après-décès, cet article aborde les conditions de production cartographique et d’exercice du métier d’ingénieurs militaires géographes. Praticiens itinérants, ils sillonnaient le royaume au gré de leurs affectations et du théâtre de la guerre. Substituant la notion de « mi -lieu » à celle, généralement invoquée de milieu, il vise à rendre compte des contraintes matérielles d’un métier qui nécessitait de se créer des environnements de travail provisoires et éphémères, dans les villes d’affectation. En imbriquant espaces et temporalités, cette étude propose d’explorer la spécificité de ces cabinets temporaires, souvent établis à domicile, où étaient quotidiennement fabriqués, finalisés et ordonnés les documents. Travailler sur cette notion apparaît fructueux pour recomposer l’intégralité d’une chaîne de production qui, entre travail sur le terrain et envoi dans les dépôts, restait à ce jour incomplète.
Mots-clés : collections, dessins, cabinets, cartes, plans, ingénieur militaire, ingénieur cartographe, cartographie, guerre, fortification
.Abstract
This article, based on posthumous military inventories, examines the working conditions and cartographic production of military engineers and geographers who, as itinerant practitioners, traveled constantly due to their various postings and the shifting Theater of War. It aims at shedding light on the material constraints of a trade that required the creation of ephemeral working environments in the cities where they were temporarily posted. By interweaving spaces and temporalities, this study explores the specificity of these provisional and semi-private cabinets where maps and drawings were produced, finalized, and organized on a daily basis. As such it reconstructs a previously undocumented chain of production, complete from on-site surveys to archival depots.
Keywords: collections, drawing, maps, military geographers, cabinets, military engineers, cartography, war, fortifications.

Isabelle Warmoes | Émilie d’Orgeix, “L’atlas urbain, outil de gestion du patrimoine militaire (1742-1774)”, Mettre la ville en atlas, des productions humanistes aux humanités digitales (E. Jean-Courret, S. Lavaud, S. Schoonbaert, dir.), Pessac, Ausonius éditions, 2021, p. 57-80 Mettre la ville en atlas, des productions humanistes aux humanités digitales, 2021
Isabelle Warmoes et Émilie d'Orgeix L'atlas, qu'il ait été imprimé ou manuscrit, a constitué depu... more Isabelle Warmoes et Émilie d'Orgeix L'atlas, qu'il ait été imprimé ou manuscrit, a constitué depuis la fin du XVI e siècle un mode de collationnement particulièrement efficace pour ordonner, archiver et relier cartes, plans et, dans une moindre mesure, documents textuels 1. Apparu simultanément dans les ateliers anversois, hollandais et romains au troisième quart du XVI e siècle, ces nouveaux "livres de cartes", comme ils étaient parfois nommés 2 , connaissent un succès fulgurant en Europe 3. En témoigne la diversité des exemplaires qui circulent en grand nombre à l'époque moderne : isolaria, théâtres, recueils, visites, ramas, collections... Outil de conception et de composition à géométrie variable, l'atlas illustre, selon Loraine Daston et Peter Galison, une nouvelle "technologie de l'image" dont les normes d'observation, de construction et de description sont en permanence testées et renouvelées 4. Les stratégies matérielles, graphiques et éditoriales qui y sont déployées sont ainsi précieuses pour appréhender la conception du territoire et de l'espace des éditeurs, imprimeurs, cartographes, ingénieurs et collectionneurs qui les ont constitués. Ce sont d'ailleurs ces aspects liés à l'étude de l'ordre matériel des savoirs qui ont principalement été explorés ces dernières décennies 5. Dans la plupart des études, l'atlas est envisagé, selon le terme de James Akerman, comme une production "méta-cartographique", c'est-à-dire un ouvrage dont les effets de sens résultent des manipulations exercées par son "éditeur", qu'il en ait été l'auteur ou le compilateur 6. Dans le sillage de ces travaux, l'attention a été principalement portée sur les opérations de composition, d'ordonnancement et de mise en séquence entre les planches des atlas.
Revue Historique des Armées , 2020

El Ingeniero Espia, 2018
Esta investigación se sitúa en la estela del artículo que publiqué en 2005 sobre el espionaje mil... more Esta investigación se sitúa en la estela del artículo que publiqué en 2005 sobre el espionaje militar francés de las plazas fuertes españolas en el siglo XVII 1 . En aquel trabajo pretendí demostrar que la aparente ausencia de mapas y planos militares anteriores a finales del siglo XVII en los fondos patrimoniales resultaba, en realidad, un problema de carácter metodológico. Emprender una exploración histórica sobre las actividades relativas a los servicios de inteligencia de los ingenieros militares franceses de la Edad Moderna no puede concebirse sin tener en cuenta los volúmenes encuadernados. Las misiones de los ingenieros, concebidas como recorridos visuales a través de territorios vinculados mediante plazas fuertes, se entendían generalmente como conjuntos estructurados. Así, la mayoría de los planos militares, organizados y acompañados de comentarios, cartas y descripciones textuales fueron compilados en forma de atlas. De hecho, el estudio que Antonio Bonet Correa publicó en 1991 sobre los planos militares de las plazas españolas conservados en los fondos franceses adolece de una significativa escasez de ejemplares correspondientes al siglo XVII 2 . La razón es que muy pocos se encuentran «en sueltas», como se decía en la época moderna. En realidad, tales documentos no han de buscarse en los archivos, sino más bien en bibliotecas y colecciones privadas bajo la forma de atlas. Estos «libros de mapas y planos», inspirados por las grandes empresas cartográficas holandesas de Abraham Ortelius (1527-1598) y Gerardus Mercator (1512-1594) o por la italiana de Antonio Lafreri (1512-1577), constituyen instrumentos móviles y eminentemente narrativos, más adaptados a un discurso cartográfico dinámico que los planos aislados. Una vez compilados y organizados, los mapas y planos de los ingenieros, que incluían menciones de caminos, rutas y órdenes de marcha, adquirían sentido, formando un panorama global, convincente y coherente. De estos procesos de estructuración y de yuxtaposición nacían los mecanismos retóricos que permitían al ingeniero construir un 69 3 Cultura y prácticas del espionaje francés en la Edad Moderna
Construire et démolir du XVIe au XXIe siècle, 2018
In France, the production of maps and plans by military engineers was often considered a technica... more In France, the production of maps and plans by military engineers was often considered a technical activity obeying set graphic codes established beginning in the late seventeenth century. Adopting a more nuanced point of view, this article postulates that, in the context of the «court society» established by Louis XIV, military drawing, like all artistic production, conformed to the theoretical debates carried out in the various royal academies. Examining, chapter by chapter, the various drawing manuals for engineers published between 1680 and 1750, this article aims to remind us how much military drawing was, on this account, a «courtierly art» that quickly adapted to the concepts, sometimes subjective, of propriety, bienséance and good taste applied by the Académie Royale de Peinture.
Alors que l'usage de la photographie à l'École polytechnique et à l'École des beaux-arts a suscit... more Alors que l'usage de la photographie à l'École polytechnique et à l'École des beaux-arts a suscité de nombreux travaux, l'influence que jouèrent les institutions militaires provinciales dans l'appropriation de techniques photographiques souvent expérimentales et innovantes reste encore largement sous-interprétée. S'adossant sur les dossiers d'archives documentant les travaux menés dans les Alpes par un officier hors du commun, le commandant François Maurice Allotte de La Fuÿe (1844-1939), cet article explore quelques-unes des nombreuses voies qui conduisirent les ingénieurs du génie à s'intéresser à la photographie. Adaptant les appareils pour effectuer des prises de vues aériennes, à longue distance ou instantanées, les militaires enrichirent ainsi considérablement l'écriture de l'histoire de la photographie expérimentale au XIX e siècle.

Replacer les discours sur l’urbanisme et l’architecture en plein champ de bataille ouvre des pist... more Replacer les discours sur l’urbanisme et l’architecture en plein champ de bataille ouvre des pistes de recherche fructueuses. C’est, en premier lieu, le moyen de reconsidérer le champ de Mars non pas uniquement comme un lieu d’action militaire mais également comme un espace physique et mémoriel d’inspiration urbaine et architecturale . Comment pourtant ne pas envisager que le lieu du triomphe guerrier, le champ de bataille foulé par les armées, ait pu lui-même nourrir le triomphe ? Empruntant ce fil conducteur, plusieurs pistes de recherche sont envisageables. La première s’intéresse à la fortune du lieu, explorant comment le sol sur lequel prirent place les batailles a pu être pérennisé et mémorialisé. La seconde s’intéresse à la transposition dans l’espace urbain du champ de bataille, ce terrain d’affrontement par essence ouvert et polymorphe. Enfin, la troisième approfondit la question de la fortune matérielle, reconsidérant tout d’abord comment les fructi belli, butins et dépouilles ramassées au sol, ont nourri l’invention architecturale avant de s’interroger sur la façon dont leur sens a pu évoluer. Fruit de ces considérations, cet article considère au premier chef le champ de bataille comme un champ d’étude à part entière. Il vise à ouvrir quelques pistes de recherche sur les liens unissant villes de guerre et de paix, art militaire et civil et culture antique et moderne.
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Books by Emilie d'Orgeix
Gendarmer les populations n'est pourtant pas le seul défi auquel doit répondre l'administration militaire. sur « les dehors » des villes, les ingénieurs du roi se retrouvent confrontés à des travaux titanesques impliquant la gestion simultanée d'un grand nombre de corps bâtisseurs et ouvriers, le transport de centaines de milliers de mètres cubes de terre, la construction d'imposants ouvrages militaires et l'établissement de terrains pouvant être rapidement inondés en cas d'attaque. au fil des décennies, la lente expertise qu'ils acquièrent en fait le principal outil d'un système de modélisation du territoire qui transforme durablement la physionomie des villes.
Cet ouvrage traite ainsi de la construction des marges de la ville à l'époque moderne, tout en allant bien au-delà. il illustre combien la périphérie urbaine, dont la naissance est encore souvent associée aux mutations de l'ère industrielle, a en réalité constitué l'un des principaux laboratoires de la fabrique urbaine d'ancien régime, reconstruisant par là même la généalogie brisée entre villes modernes et contemporaines.
Cet ouvrage abondamment illustré, qui réunit une étude historique et un catalogue raisonné complété d’index de lieux et d’auteurs, présente pour la première fois, planche par planche, l’un des gisements cartographiques d’Ancien Régime les plus exceptionnels qui soit conservé dans les fonds d’Île-de-France. Instrument de recherche inestimable pour l’histoire des villes, de l’architecture et des territoires, il éclaire l’ensemble des processus de réformation orchestrés en France entre les règnes d’Henri IV et de Louis XV, tout en faisant la part belle aux pays européens et aux États du Levant.
Au fil des progrès techniques de la cartographie, notamment sous l'égide de l'Académie royale des sciences, et des réformes administratives structurant le territoire, leurs contours et leurs particularités physiques, économiques et sociales se précisent entre le XVIIe siècle et le XXe siècle. La Champagne et les Ardennes apparaissent sur les cartes en même temps que se cartographie le royaume de France. Comme il s'agit de régions frontalières, une part importante est accordée aux atlas militaires et aux plans de fortifications, tels ceux de Louis Nicolas de Clerville et de Renaud Sedanois. L'oeuvre des cartographes locaux, dont certains eurent une renommée nationale comme Claude de Chastillon, est également évoquée.
Papers |Articles by Emilie d'Orgeix
Fondé sur l’étude de saisies militaires après-décès, cet article aborde les conditions de production cartographique et d’exercice du métier d’ingénieurs militaires géographes. Praticiens itinérants, ils sillonnaient le royaume au gré de leurs affectations et du théâtre de la guerre. Substituant la notion de « mi -lieu » à celle, généralement invoquée de milieu, il vise à rendre compte des contraintes matérielles d’un métier qui nécessitait de se créer des environnements de travail provisoires et éphémères, dans les villes d’affectation. En imbriquant espaces et temporalités, cette étude propose d’explorer la spécificité de ces cabinets temporaires, souvent établis à domicile, où étaient quotidiennement fabriqués, finalisés et ordonnés les documents. Travailler sur cette notion apparaît fructueux pour recomposer l’intégralité d’une chaîne de production qui, entre travail sur le terrain et envoi dans les dépôts, restait à ce jour incomplète.
Mots-clés : collections, dessins, cabinets, cartes, plans, ingénieur militaire, ingénieur cartographe, cartographie, guerre, fortification
.Abstract
This article, based on posthumous military inventories, examines the working conditions and cartographic production of military engineers and geographers who, as itinerant practitioners, traveled constantly due to their various postings and the shifting Theater of War. It aims at shedding light on the material constraints of a trade that required the creation of ephemeral working environments in the cities where they were temporarily posted. By interweaving spaces and temporalities, this study explores the specificity of these provisional and semi-private cabinets where maps and drawings were produced, finalized, and organized on a daily basis. As such it reconstructs a previously undocumented chain of production, complete from on-site surveys to archival depots.
Keywords: collections, drawing, maps, military geographers, cabinets, military engineers, cartography, war, fortifications.
Gendarmer les populations n'est pourtant pas le seul défi auquel doit répondre l'administration militaire. sur « les dehors » des villes, les ingénieurs du roi se retrouvent confrontés à des travaux titanesques impliquant la gestion simultanée d'un grand nombre de corps bâtisseurs et ouvriers, le transport de centaines de milliers de mètres cubes de terre, la construction d'imposants ouvrages militaires et l'établissement de terrains pouvant être rapidement inondés en cas d'attaque. au fil des décennies, la lente expertise qu'ils acquièrent en fait le principal outil d'un système de modélisation du territoire qui transforme durablement la physionomie des villes.
Cet ouvrage traite ainsi de la construction des marges de la ville à l'époque moderne, tout en allant bien au-delà. il illustre combien la périphérie urbaine, dont la naissance est encore souvent associée aux mutations de l'ère industrielle, a en réalité constitué l'un des principaux laboratoires de la fabrique urbaine d'ancien régime, reconstruisant par là même la généalogie brisée entre villes modernes et contemporaines.
Cet ouvrage abondamment illustré, qui réunit une étude historique et un catalogue raisonné complété d’index de lieux et d’auteurs, présente pour la première fois, planche par planche, l’un des gisements cartographiques d’Ancien Régime les plus exceptionnels qui soit conservé dans les fonds d’Île-de-France. Instrument de recherche inestimable pour l’histoire des villes, de l’architecture et des territoires, il éclaire l’ensemble des processus de réformation orchestrés en France entre les règnes d’Henri IV et de Louis XV, tout en faisant la part belle aux pays européens et aux États du Levant.
Au fil des progrès techniques de la cartographie, notamment sous l'égide de l'Académie royale des sciences, et des réformes administratives structurant le territoire, leurs contours et leurs particularités physiques, économiques et sociales se précisent entre le XVIIe siècle et le XXe siècle. La Champagne et les Ardennes apparaissent sur les cartes en même temps que se cartographie le royaume de France. Comme il s'agit de régions frontalières, une part importante est accordée aux atlas militaires et aux plans de fortifications, tels ceux de Louis Nicolas de Clerville et de Renaud Sedanois. L'oeuvre des cartographes locaux, dont certains eurent une renommée nationale comme Claude de Chastillon, est également évoquée.
Fondé sur l’étude de saisies militaires après-décès, cet article aborde les conditions de production cartographique et d’exercice du métier d’ingénieurs militaires géographes. Praticiens itinérants, ils sillonnaient le royaume au gré de leurs affectations et du théâtre de la guerre. Substituant la notion de « mi -lieu » à celle, généralement invoquée de milieu, il vise à rendre compte des contraintes matérielles d’un métier qui nécessitait de se créer des environnements de travail provisoires et éphémères, dans les villes d’affectation. En imbriquant espaces et temporalités, cette étude propose d’explorer la spécificité de ces cabinets temporaires, souvent établis à domicile, où étaient quotidiennement fabriqués, finalisés et ordonnés les documents. Travailler sur cette notion apparaît fructueux pour recomposer l’intégralité d’une chaîne de production qui, entre travail sur le terrain et envoi dans les dépôts, restait à ce jour incomplète.
Mots-clés : collections, dessins, cabinets, cartes, plans, ingénieur militaire, ingénieur cartographe, cartographie, guerre, fortification
.Abstract
This article, based on posthumous military inventories, examines the working conditions and cartographic production of military engineers and geographers who, as itinerant practitioners, traveled constantly due to their various postings and the shifting Theater of War. It aims at shedding light on the material constraints of a trade that required the creation of ephemeral working environments in the cities where they were temporarily posted. By interweaving spaces and temporalities, this study explores the specificity of these provisional and semi-private cabinets where maps and drawings were produced, finalized, and organized on a daily basis. As such it reconstructs a previously undocumented chain of production, complete from on-site surveys to archival depots.
Keywords: collections, drawing, maps, military geographers, cabinets, military engineers, cartography, war, fortifications.
Conférence organisée dans le cadre des séminaires communs d'histoire des techniques de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (« Ecrits, dessins et modèles artisanaux à l'époque moderne et contemporaine ») et de l'Ecole pratique des hautes études (« Démolir, construire et raccommoder la ville (XVII e-XVIII e siècles) »
Contact pour obtenir le lien zoom : valerie-negre[at]wanadoo.fr
Un mardi sur deux de 16h à 18h en visio-conférence
(puis, si la situation sanitaire s’améliore à l’ l’INHA, 2 rue Vivienne 75002 Paris)
Les personnes désirant assister et participer aux conférences, doivent envoyer un courriel à [email protected] ou [email protected] , afin de recevoir le lien url.
Angle d’approche bien connu des médiévistes, la problématique du chantier a été rarement utilisée pour la période des Temps modernes. La question initiale de ces conférences est de se demander si ce champ d’étude est souhaitable et possible. C’est pourquoi, plutôt que de proposer une synthèse de l’état de la recherche sur ce sujet, nous allons nous engager dans un travail centré sur les objets du passé, considéré comme une trace archéologique. Cette démarche, a priori évidente, sera appliquée à des objets précis comme les murs assisés de pierre au même titre que des registres de comptabilité, en passant par les dessins d’architecture (dans toutes leurs diversités de natures). Il sera ainsi possible de créer un ouvroir de recherche potentielle avec pour base d’étude les chantiers dans les églises paroissiales à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, complété par des apports provenant de travaux de recherche récents. Citons, en particulier, les deux dernières expositions ayant trait au chantier : Dessiner pour bâtir. Le métier d'architecte au XVIIe siècle (Archives nationales, 2017-2018, par Alexandre Cojannot et Alexandre Gady) et L’art du chantier : construire et démolir du XVIe au XXIe siècle (Cité de l’architecture et du Patrimoine, 2017-2018, par Valérie Nègre).