Papers by ROMAISSA OUASSISSOU

Cahiers Agricultures
Au Maroc, l’exploitation individuelle des eaux souterraines a permis le développement rapide d’un... more Au Maroc, l’exploitation individuelle des eaux souterraines a permis le développement rapide d’une agriculture irriguée intensive. Dans la plaine de Berrechid, la ressource est limitée et surexploitée. L’agence de bassin tente depuis une dizaine d’années de mettre en place une contractualisation avec différents acteurs pour réguler les prélèvements en eau souterraine à usage agricole. L’objectif de l’étude est d’analyser en quoi la catégorisation des agriculteurs, se distinguant par leur accès à l’eau et au foncier, et les interactions entre ces catégories d’agriculteurs, sont utiles pour penser la gouvernance de la nappe. Une fois la dynamique de l’agriculture irriguée retracée, des enquêtes ont permis d’établir une typologie d’agriculteurs, puis les arrangements et rivalités entre les différents types d’agriculteurs ont été caractérisés. Les résultats montrent que l’utilisation accrue des eaux souterraines a déclenché des rivalités pour l’accès à l’eau, ainsi que l’exclusion de ce...

Dans un contexte de developpement de l'agriculture irriguee et de surexploitation des eaux so... more Dans un contexte de developpement de l'agriculture irriguee et de surexploitation des eaux souterraines, le Maroc s'est lance dans des processus de mise en place de contrats de nappe dans le but de responsabiliser les differents usagers et de les encourager a s'impliquer dans la gestion de ces nappes. C'est le cas pour la nappe de Berrechid ou l'agence du bassin a initie ce processus depuis 2011. Plus recemment, elle a engage un projet de concession pour le seul secteur agricole au profit de quatre associations d'usagers de l'eau agricole afin de debloquer le processus de contrat de nappe, qui n'a pas encore abouti. L'objectif de l'article est d'analyser les enjeux de gouvernance des eaux souterraines, reveles par ce processus de contrat de nappe. Pour ce faire, nous avons repris l'historique de la mise en place du contrat de nappe, puis du projet de concession. Aussi, nous avons mesure les prelevements des eaux souterraines pompees pa...

Résumé
Dans un contexte de développement de l’agriculture irriguée et de surexploitation des eau... more Résumé
Dans un contexte de développement de l’agriculture irriguée et de surexploitation des eaux souterraines, le Maroc s’est lancé dans des processus de mise en place de contrats de nappe dans le but de responsabiliser les différents usagers et de les encourager à s’impliquer dans la gestion de ces nappes. C’est le cas pour la nappe de Berrechid où l’agence du bassin a initié ce processus depuis 2011. Plus récemment, elle a engagé un projet de concession pour le seul secteur agricole au profit de quatre associations d’usagers de l’eau agricole afin de débloquer le processus de contrat de nappe, qui n’a pas encore abouti. L’objectif de l’article est d’analyser les enjeux de gouvernance des eaux souterraines, révélés par ce processus de contrat de nappe. Pour ce faire, nous avons repris l’historique de la mise en place du contrat de nappe, puis du projet de concession. Aussi, nous avons mesuré les prélèvements des eaux souterraines pompées par les différentes catégories d’agriculteurs dans deux douars situés dans la plaine, pour ensuite nous interroger sur le positionnement de ces catégories d’agriculteurs dans la mise en place du projet de concession. Les résultats montrent que le processus de mise en place du contrat de nappe, même s’il n’a pas encore abouti, est révélateur des enjeux de gouvernance des eaux souterraines en pointant les prélèvements des eaux souterraines effectués par différentes catégories d’agriculteurs. Cependant, ces enjeux sont en même temps invisibilisés dans le processus quand les débats sont focalisés sur la consommation à l’hectare en laissant de côté, pour le moment, la maîtrise des superficies irriguées par exploitant. Notre analyse conduit à penser que la gouvernance de l’eau souterraine requiert la compréhension fine des eaux souterraines, de la diversité des usages et des catégories des agriculteurs, de leurs prélèvements d’eau souterraine et in fine du cadre institutionnel et juridique qui s’applique à cette ressource.

exploitation individuelle des eaux souterraines a permis le développement rapide d'une agricultur... more exploitation individuelle des eaux souterraines a permis le développement rapide d'une agriculture irriguée intensive. Dans la plaine de Berrechid, la ressource est limitée et surexploitée. L'agence de bassin tente depuis une dizaine d'années de mettre en place une contractualisation avec différents acteurs pour réguler les prélèvements en eau souterraine à usage agricole. L'objectif de l'étude est d'analyser en quoi la catégorisation des agriculteurs, se distinguant par leur accès à l'eau et au foncier, et les interactions entre ces catégories d'agriculteurs, sont utiles pour penser la gouvernance de la nappe. Une fois la dynamique de l'agriculture irriguée retracée, des enquêtes ont permis d'établir une typologie d'agriculteurs, puis les arrangements et rivalités entre les différents types d'agriculteurs ont été caractérisés. Les résultats montrent que l'utilisation accrue des eaux souterraines a déclenché des rivalités pour l'accès à l'eau, ainsi que l'exclusion de certains agriculteurs dans un contexte de baisse de la nappe. Pour dépasser ces problèmes d'accès, certains agriculteurs mettent en place des arrangements coopératifs autour des différents facteurs de production (eau, terre, capital, savoir-faire, main-d'oeuvre). Cependant, ces arrangements accentuent, paradoxalement, la surexploitation de la nappe et les rivalités, et entraînent la poursuite et l'évolution des formes d'arrangements coopératifs. La compréhension fine de la nature des relations entre différents types d'agriculteurs peut permettre d'inclure une réflexion sur l'équité sociale dans le projet de concession aux associations de producteurs, qui pour le moment semble ignorer ces relations. Mots clés : agriculture irriguée / surexploitation / exclusion / usagers / contrat de nappe Abstract-Rivalries and cooperative arrangements for access to groundwater in the Berrechid plain in Morocco. In Morocco, private groundwater use enabled the rapid development of intensive irrigated agriculture. In the Berrechid plain, this resource is limited and overexploited. The river basin agency has attempted for the last ten years to set up a formal contract with various stakeholders to regulate agricultural use. The aim of the study is to analyze how the categorization of farmers, distinguished by their access to water and land, and the interactions between these categories are useful to think the governance of groundwater. The dynamics of irrigated agriculture were first traced and surveys enabled to establish a typology of farmers. Finally, the rivalries and the cooperative arrangements between different types of farmers were characterized. The results show that increased groundwater use has triggered rivalries for access to groundwater and the exclusion of some farmers in a context of falling water tables. To overcome these access problems, farmers set up cooperative arrangements around the factors of production required for irrigated agriculture (water, land, capital, know-how, labor). However, these arrangements accentuate, paradoxically, groundwater overexploitation and rivalries and lead to the continuation and change of the forms of cooperative arrangements. A detailed understanding of the nature of the relationships between the different types of farmers can address the issue of social equity in the concession contract with irrigation associations, which for the moment seems to ignore these relationships.
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Dans un contexte de développement de l’agriculture irriguée et de surexploitation des eaux souterraines, le Maroc s’est lancé dans des processus de mise en place de contrats de nappe dans le but de responsabiliser les différents usagers et de les encourager à s’impliquer dans la gestion de ces nappes. C’est le cas pour la nappe de Berrechid où l’agence du bassin a initié ce processus depuis 2011. Plus récemment, elle a engagé un projet de concession pour le seul secteur agricole au profit de quatre associations d’usagers de l’eau agricole afin de débloquer le processus de contrat de nappe, qui n’a pas encore abouti. L’objectif de l’article est d’analyser les enjeux de gouvernance des eaux souterraines, révélés par ce processus de contrat de nappe. Pour ce faire, nous avons repris l’historique de la mise en place du contrat de nappe, puis du projet de concession. Aussi, nous avons mesuré les prélèvements des eaux souterraines pompées par les différentes catégories d’agriculteurs dans deux douars situés dans la plaine, pour ensuite nous interroger sur le positionnement de ces catégories d’agriculteurs dans la mise en place du projet de concession. Les résultats montrent que le processus de mise en place du contrat de nappe, même s’il n’a pas encore abouti, est révélateur des enjeux de gouvernance des eaux souterraines en pointant les prélèvements des eaux souterraines effectués par différentes catégories d’agriculteurs. Cependant, ces enjeux sont en même temps invisibilisés dans le processus quand les débats sont focalisés sur la consommation à l’hectare en laissant de côté, pour le moment, la maîtrise des superficies irriguées par exploitant. Notre analyse conduit à penser que la gouvernance de l’eau souterraine requiert la compréhension fine des eaux souterraines, de la diversité des usages et des catégories des agriculteurs, de leurs prélèvements d’eau souterraine et in fine du cadre institutionnel et juridique qui s’applique à cette ressource.
Dans un contexte de développement de l’agriculture irriguée et de surexploitation des eaux souterraines, le Maroc s’est lancé dans des processus de mise en place de contrats de nappe dans le but de responsabiliser les différents usagers et de les encourager à s’impliquer dans la gestion de ces nappes. C’est le cas pour la nappe de Berrechid où l’agence du bassin a initié ce processus depuis 2011. Plus récemment, elle a engagé un projet de concession pour le seul secteur agricole au profit de quatre associations d’usagers de l’eau agricole afin de débloquer le processus de contrat de nappe, qui n’a pas encore abouti. L’objectif de l’article est d’analyser les enjeux de gouvernance des eaux souterraines, révélés par ce processus de contrat de nappe. Pour ce faire, nous avons repris l’historique de la mise en place du contrat de nappe, puis du projet de concession. Aussi, nous avons mesuré les prélèvements des eaux souterraines pompées par les différentes catégories d’agriculteurs dans deux douars situés dans la plaine, pour ensuite nous interroger sur le positionnement de ces catégories d’agriculteurs dans la mise en place du projet de concession. Les résultats montrent que le processus de mise en place du contrat de nappe, même s’il n’a pas encore abouti, est révélateur des enjeux de gouvernance des eaux souterraines en pointant les prélèvements des eaux souterraines effectués par différentes catégories d’agriculteurs. Cependant, ces enjeux sont en même temps invisibilisés dans le processus quand les débats sont focalisés sur la consommation à l’hectare en laissant de côté, pour le moment, la maîtrise des superficies irriguées par exploitant. Notre analyse conduit à penser que la gouvernance de l’eau souterraine requiert la compréhension fine des eaux souterraines, de la diversité des usages et des catégories des agriculteurs, de leurs prélèvements d’eau souterraine et in fine du cadre institutionnel et juridique qui s’applique à cette ressource.