Thesis by Romain Grancher
Special Issues by Romain Grancher
Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 78, no 2, 2023
Sociétés maritimes et mondes de la pêche Romain Grancher 215 Histoire et historiographie des mond... more Sociétés maritimes et mondes de la pêche Romain Grancher 215 Histoire et historiographie des mondes de la pêche à l'heure du « tournant océanique » (introduction) Romain Grancher 231 Les savoirs de l'expérience Une enquête sur la fabrique de la police des pêches (France, années 1680-1860) Nadin Heé 271 Régimes de pêche et nouvel ordre mondial dans le bassin Indo-Pacifique au xx e siècle Souveraineté, migration et décolonisation Jack Bouchard 297 Terra Nova Cartes mentales de l'Atlantique du Nord-Ouest au xvi e siècle Renaud Morieux 333 Lettres perdues Communautés épistolaires, guerres et liens familiaux dans le monde maritime atlantique du xviii e siècle Histoire des pêches (comptes rendus) 375 Résumés / Abstracts I Sommaire 78 e année n o 2 avril-juin 2023
Coastal Studies & Society, vol. 2, no 2, 2023
Journal for the History of Environment and Society, 2021
Papers by Romain Grancher
Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 78, no 2, 2023
Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 78, no 2, 2023
This article is based on an analysis of some thirty fishing experiments carried out on the coasts... more This article is based on an analysis of some thirty fishing experiments carried out on the coasts of the English Channel between the 1680s and the 1860s. It describes the early development of an experimental way of governing marine resources under the ancien régime, followed by its gradual normalization over the course of the nineteenth century. As becomes clear, the fishing laws designed to ensure the conservation of these resources were the result of negotiation between the French Ministry of the Navy and fishing communities, whose monopoly on the production of fishing knowledge enabled them to defend their technical and legal specificities
Coastal Studies & Society, vol. 2, no 2, 2023
Revue d'histoire maritime, 2022
Réputé dans le monde anglophone pour ses travaux sur l'histoire globale des îles et des littoraux... more Réputé dans le monde anglophone pour ses travaux sur l'histoire globale des îles et des littoraux, John R. Gillis (1939-2021) reste un auteur assez largement méconnu en France. On aurait pu s'attendre à ce que ses deux livres les plus importants, Islands of the Minds: How the Human Imagination Created the Atlantic World (2004) et The Human Shore: Seacoasts in History (2012), retiennent au moins l'attention des spécialistes d'histoire maritime ou environnementale, mais leur réception est demeurée confidentielle 3. C'est pour y remédier, mais aussi pour rendre hommage à John Gillis qui s'est éteint au mois de décembre dernier, que la Revue d'histoire maritime propose aujourd'hui à ses lecteurs et lectrices de découvrir la traduction de l'un de ses articles. Servant d'ouverture théorique à un ouvrage collectif consacré à l'histoire environnementale de l'Île-du-Prince-Édouard, cet article paru initialement en 2016 offre en effet un condensé de ses réflexions sur les espaces insulaires et littoraux. Pour Gillis, le choix de ces terrains de recherche relativement éloignés ou excentrés par rapport aux continents s'impose au regard d'une vision « enclavée » de l'histoire, dont il entend dénoncer le « terracentrisme » 4. Comme nombre d'historiens et d'historiennes qui s'intéressent à la mer − soit qu'ils se réclament de l'histoire maritime, soit qu'ils lui préfèrent l'histoire atlantique, la « thalassographie », l'histoire environnementale de la mer (marine environnemental history), ou l'histoire littorale (coastal history), soit encore qu'ils ne revendiquent aucune appartenance particulière à l'un de ces sous-champs de recherche −, Gillis considère en effet que les récits historiques ont été très majoritairement écrits non seulement à propos, mais à partir de la terre ferme 5. Cette vision biaisée aurait d'ailleurs entraîné la formation au coeur de l'historiographie de ce qu'il identifie comme un vaste « blue hole », dont les dimensions lui apparaissent d'autant plus disproportionnées que les mers et les océans couvrent environ 70% de la superficie de la planète Terre 6. C'est avec l'objectif explicite de corriger ce biais historiographique que les tenants d'une histoire maritime ont oeuvré à son institutionnalisation à partir de la fin des années 1980, en se dotant à la fois d'une association internationale, l'International Maritime History Association (créée en 1990, d'abord sous le nom en d'International Maritime Economic History
Journal for the History of Environment and Society, 2021
The introduction of this issue devoted to the history of coastal environments proposes to go beyo... more The introduction of this issue devoted to the history of coastal environments proposes to go beyond the 'great divide' between land and sea, which still largely shapes the field of environmental history, and to rethink their interactions within the framework of a 'terraqueous' environmental history. The coasts are a privileged terrain for tackling this dichotomous vision. Because they are the hybrid product of natural and social dynamics, their study allows us to historicise and contextualise the construction, both materially and symbolically, of the existing boundaries between land and sea. It furthermore allows us to show the always liminal, shifting and permeable character of the coast, which functions more as an interface than as a border. Finally, because of their position on the edge, coasts have a 'mirroring' power which invites us to pay more attention to the symmetry between land and sea.
Gianenrico Bernasconi, Guillaume Carniro, Liliane Hilaire-Pérez et Olivier Raveux (éd.), Les réparations dans l’Histoire. Cultures techniques et savoir-faire dans la longue durée, Paris, Presses des Mines, 2022, p. 437-450
Raccommodages et accommodements Réparer les outils et les dommages dans le monde de la pêche (Die... more Raccommodages et accommodements Réparer les outils et les dommages dans le monde de la pêche (Dieppe, XVIII e siècle) Si les pratiques de réparation ont constitué un terrain de rencontre fécond entre l'histoire des techniques et l'histoire du « fait maritime », peu de travaux ont abordé la question à partir du monde de la pêche, où elle est pourtant centrale 1. Partant de ce constat, cet article entend poser quelques jalons à partir d'une étude de cas centrée sur le port de Dieppe et ses pêcheurs au XVIII e siècle 2. Il repose sur un parti pris : celui d'envisager le terme « réparation » dans sa double acception matérielle et juridique, dans l'idée d'essayer d'articuler ensemble les opérations techniques qui permettent de réparer les outils de pêche et les procédures judiciaires qui permettent de réparer les dommages causés par la destruction de ces outils à l'occasion d'un accident sur les lieux de la pêche. L'enjeu de cette approche est de montrer qu'il existe des liens plus ou moins étroits entre ces opérations et ces procédures et qu'elles gagnent donc à être analysées de front. Pour cela, un premier temps sera consacré à la présentation du monde des pêcheurs dieppois et de ses institutions, qui façonnent des collectifs d'acteurs dont les ciments sont inextricablement matériels et sociaux-à tel point que les techniques de pêche en viennent, en quelque sorte, à les incarner. La deuxième partie abordera de manière plus précise les acteurs et les économies de la réparation. Elle s'appuiera en grande partie sur le célèbre Traité général des pesches de Duhamel du Monceau à l'intérieur duquel celui-ci a inséré, à destination des hommes du métier, un « petit traité de la fabrique et du raccommodage des filets » qui constitue un bel exemple de « réduction en art » 3. La troisième partie s'intéressera enfin aux causes de destruction des outils de pêche, ainsi qu'aux modalités de la réparation des avaries à partir des archives du tribunal de l'amirauté, une juridiction compétente sur les « choses de la mer » jouant notamment un rôle en matière d'expertise des biens endommagés et de certification de la valeur des dommages 4. Comment les filets tissent des liens et consolident les collectifs d'acteurs Avec son faubourg du Pollet, Dieppe constitue un port de pêche de première importance dans la France du XVIII e siècle 5. Les pêcheurs et leurs familles y représentent un bon quart de la population, de l'ordre de cinq-milles habitants sur un total d'environ vingt-milles 6. On sait par ailleurs que la main d'oeuvre locale ne suffit pas à compléter les équipages des quelques centcinquante embarcations de pêche qu'abrite le port, mais que les armements nécessitent chaque année le renfort de nombreux « paysans pêcheurs ». Établis dans les paroisses rurales environnantes, ceux-ci viennent s'embarquer avec leurs filets à l'automne et au début de l'été pour faire les deux grandes campagnes du hareng et du maquereau ; entretemps, avec l'aide de leur 1 S. LLINARES, Marine, propulsion et technique : l'évolution du système technologique du navire de guerre français au XVIII e siècle,
Artefact, vol. 14, n° 1, 2021, p. 89-107, 2021
Cet article part du récit d’une émeute de gens de mer survenue dans le port de Dieppe au mois de ... more Cet article part du récit d’une émeute de gens de mer survenue dans le port de Dieppe au mois de novembre 1818. Dirigée contre des pêcheurs étrangers à la communauté, cette émeute est envisagée ici comme la trace d’un conflit d’usage de longue durée lié à l’essor du chalut, un filet traînant auquel certains acteurs attribuent la destruction des ressources halieutiques. L’analyse de cet épisode de violence permet ainsi d’enrichir la compréhension des résistances au changement technique en proposant une réflexion à partir du monde de la pêche, à rebours d’une historiographie qui s’est surtout intéressée aux machines industrielles (et agricoles, dans une moindre mesure).
Fabien Locher (éd.), La nature en communs. Ressources, environnement et communautés (France et Empire français, XVIIe-XXe siècle), Seyssel, Champ Vallon, 2020, p. 145-165. , 2020
Les communs du rivage. L'État, les riverains et l'institution juridique des grèves de la mer (Man... more Les communs du rivage. L'État, les riverains et l'institution juridique des grèves de la mer (Manche, XVIII e -XIX e siècle) », dans Fabien Locher (éd.), La nature en communs. Ressources, environnement et communautés (France et Empire français, XVII e -XX e siècle), Seyssel, Champ Vallon, 2020, p. 145-165. 1 Romain Grancher Chargé de recherche CNRS UBS -TEMOS (UMR 9016) Souvent perçues comme des res nullius en libre accès, les ressources de la mer occupent pourtant une place à part dans le champ d'étude des communs, en particulier au moment de son émergence dans les sciences sociales au tournant des années 1980. Dans Governing the Commons (1990), Elinor Ostrom décline ainsi plusieurs cas de pêcheries gouvernées par des communautés de pêcheurs capables de réguler l'accès à la ressource et de définir collectivement les règles de son exploitation juste et équitable 2 . Elle s'appuie sur les réflexions d'anthropologues comme James Acheson, Bonnie McCay, ou Fikret Berkes qui, tous, ont pu observer le fonctionnement concret de communs halieutiques dans le cadre de leurs enquêtes de terrain 3 . Toutefois, en dépit de l'apport fondateur de ces recherches, les historiens qui se sont emparés de la question des communs ont eu tendance à négliger les littoraux pour se focaliser sur des territoires où l'existence de telles institutions semblait davantage aller de soi : les montagnes et leurs pâturages, les systèmes d'irrigation, les forêts, etc. Certes il existe des exceptions importantes à ce constat 4 , mais il est d'autant plus frappant que, de leur côté, les historiens se réclamant du champ de l'« histoire maritime » ont très peu exploré le thème des communs.
Mélanges de l’École française de Rome, vol. 131, no 1, « L’empreinte domestique du travail », 2019, p. 53-64.
Cet article entend poser le problème de ce que la pratique de l’association fait aux rapports de ... more Cet article entend poser le problème de ce que la pratique de l’association fait aux rapports de travail, dans la perspective de restituer les expériences de la subordination propres aux pêcheurs des sociétés d’armement dieppoises du XVIIIe siècle. Croisées avec des mémoires et des registres de comptes, les archives du tribunal local compétent en matière de pêche, à savoir le tribunal de l’amirauté, révèlent en effet toute l’ambivalence des liens tissés par l’exploitation collective de la mer entre les matelots, les maîtres et les armateurs. Ainsi, au-delà d’un idiome sociétaire mettant l’accent sur la relation d’interdépendance entre ces différentes catégories d’acteurs, elles permettent de montrer comment cette rhétorique de l’association masque en réalité des rapports de travail profondément inégalitaires, dont la dépendance personnelle des maîtres vis-à-vis de leur armateur, et des matelots vis-à-vis de leur maître, constitue la marque la plus caractéristique. Toutefois, ces sources suggèrent dans le même temps de décloisonner l’étude des rapports de travail pour les envisager, non pas seulement comme des rapports juridiques encadrés par la loi et les usages, mais, plus fondamentalement, comme des rapports de force et de pouvoir, venant reconfigurer les équilibres internes aux sociétés d’armement et à la communauté dans son ensemble.
Christophe Cérino, Bernard Michon et Éric Saunier (éd.), La pêche : regards croisés, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2017, p. 101-114., 2017
Andrea Caracausi, Nicoletta Rolla et Marco Schnyder (éd.), Travail et mobilité en Europe (XVIe-XIXe siècle), Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2018, p. 73-98., 2018
Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 65, no 3, 2018, p. 33-58.
This article studies the normative universe of the actors of an Ancien Régime fishing community, ... more This article studies the normative universe of the actors of an Ancien Régime fishing community, through the case of eighteenth-century Dieppe. The first section presents the functioning and activity of the local admiralty court, which, during the Ancien Régime, exercised exclusive jurisdiction over maritime affairs and, as such, heard disputes between members of the fishing community, such as shipowners, masters, and seamen. Whereas French maritime historiography has for a long time focused on the supervisory and monitoring roles attributed to this jurisdiction, legal practice archives paint a different picture. The overwhelming majority of cases brought before the admiralty officers actually involved minor conflicts resulting from fishing accidents, broken contracts, or unpaid wages—in other words, civil proceedings. Nevertheless, a close examination of these disputes allows us to shed light on the social uses of justice made by the litigants. Far from simply being an instrument of control of the coastline and its population, the admiralty court fulfilled functions that largely exceeded the mere resolution of labor conflicts; they also took on the certification of contracts or the expert assessment of damages. The final part of the paper takes as a starting point the plurality of normative systems in effect in Ancien Régime fishing communities and shows how it is possible to consider the admiralty court as both a local arena in which norms were (re)negotiated by the actors themselves, and as a legal laboratory that produced a local law “from below.”
Cahiers d’histoire, vol. 36, no 1, « L’histoire environnementale : études et réflexions », 2018, p. 45-68.
Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 65, no 3, 2018, p. 33-58.
Cet article cherche à restituer l’univers normatif des acteurs d’un monde de la pêche d’Ancien Ré... more Cet article cherche à restituer l’univers normatif des acteurs d’un monde de la pêche d’Ancien Régime à partir du cas de Dieppe au XVIIIe siècle. Dans cette optique, une première partie est consacrée à la présentation du fonctionnement du tribunal local de l’amirauté, qui exerçait sous l’Ancien Régime une compétence exclusive sur les choses de la mer et connaissait par conséquent des litiges entre armateurs, maîtres de bateau et matelots pêcheurs. Alors que l’historiographie maritime s’est longtemps focalisée sur les fonctions de contrôle et de surveillance dévolues à cette juridiction, les archives de la pratique judiciaire révèlent un tableau plus contrasté. On s’aperçoit en effet que, dans une proportion écrasante, les affaires portées devant les officiers de l’amirauté se résument à de petits conflits résultant d’accidents de pêche, de contrats rompus, ou encore de salaires non versés, relevant autrement dit d’une procédure civile. Toutefois, un examen attentif de cette poussière de litiges permet de mettre en évidence les usages sociaux de la justice faits par les plaideurs. Il en ressort que, loin d’être simplement un instrument de contrôle du rivage et de ses populations, le tribunal de l’amirauté remplit tout un panel de fonctions, qui débordent largement le terrain de la seule résolution des conflits du travail pour investir ceux de la certification des contrats ou de l’expertise des dommages. Enfin, la dernière partie de l’article part du problème de la pluralité des systèmes normatifs en vigueur dans les monde de la pêche d’Ancien Régime et se propose de montrer comment il est possible de considérer le tribunal d’amirauté comme l’instance de production d’un droit local « venu d’en bas ».
International Journal of Maritime History, vol. 28, no 4, 2016, p. 671-685.
This article is based on civil proceedings brought before Dieppe's Admiralty Court by actors from... more This article is based on civil proceedings brought before Dieppe's Admiralty Court by actors from the local fishing world, especially boat masters. It provides an account of the functions performed by inns, taverns and alehouses within this professional environment. Paying close attention to the social uses of public houses which transpire through judicial archives, it aims to show how these institutions, which played a key role in Old Regime societies, not only worked as nodes in fishing organisation, but also as public arenas where the craft community's relationships were built.
Simona Cerutti et Massimo Vallerani (éd.), L’Atelier du Centre de recherches historiques [en ligne], no 13, « Suppliques. Lois et cas dans la normativité de l’époque moderne », 2015, p. 175-212.
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