Books by Falconieri Silvia

La recherche AMIAF (Aliéné mental et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en ... more La recherche AMIAF (Aliéné mental et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en Afrique française), financée par l’ANR, réalise une enquête historico-juridique ayant pour objet les discours et les pratiques juridiques qui président à la construction et au fonctionnement du statut de l’aliéné indigène, dans les territoires africains anciennement colonisés par la France entre 1880 et 1960 (https://amiaf.hypotheses.org/projet).
Dans le cadre de ce programme, la bibliothèque virtuelle AMIAF promeut les recherches sur l’histoire de la folie en situation coloniale. Elle accueille et partage ainsi les principales sources documentaires relatives au traitement juridique, administratif, mais aussi médical, des troubles mentaux dans les pays africains anciennement colonisés par la France. Il s’agit de documents émanant des archives coloniales et d’autres fonds archivistiques, de documents iconographiques, d’articles de doctrine juridique, jurisprudence et législation, mais aussi d’études scientifiques issues d’autres secteurs disciplinaires (psychiatrie et médecine coloniales, anthropologie). Cet ensemble de documents sur la mentalité indigène et sur la pathologie mentale a représenté un support théorique pour l'action du législateur, des juristes et des administrateurs coloniaux.
Favorisant l’accès à un corpus composé de sources extrêmement fragmentées et dispersées, la bibliothèque AMIAF facilite l’interaction, le croisement de sources documentaires hétérogènes et une recherche pluridisciplinaire multicritères. Dans son indexation, elle propose des pistes de recherche qui s’inspirent des questionnements scientifiques du programme AMIAF, offrant une liste de mots désignant la folie, les contextes, les institutions, les lieux et les territoires.
Cette bibliothèque virtuelle, unique dans son genre, offre un accès privilégié à des sources touchant une thématique à ce jour inexplorée.
Pour aller plus loin : T. Collier, S. Falconieri, I. Thiebau et A. Zasadzinski, "Source pour une histoire juridique de la folie en situation coloniale. Des documents dispersés à une bibliothèque numérique", Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 23 (2022) : https://journals.openedition.org/cliothemis/2870
Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 2022

I giuristi dell’epoca fascista si adoperarono per attribuire una veste giuridica alla nozione di ... more I giuristi dell’epoca fascista si adoperarono per attribuire una veste giuridica alla nozione di razza. Quale fu il loro contributo alla costruzione della diversità dell’ebreo, introdotta con i decreti del 1938? Come fu accolta la nuova categoria di «cittadino italiano appartenente alla razza ebraica», in un momento in cui nomi di origine notoriamente ebraica figuravano tra quelli dei più apprezzati giuristi del tempo? Questo volume analizza gli strumenti e i percorsi attraverso i quali fu definito il discorso giuridico sulla razza nell’Italia degli anni Trenta e Quaranta. Intrecciando diversi registri comunicativi, i giuristi più vicini al regime fascista delinearono i temi conduttori del nuovo «diritto razzista», utilizzando una strategia discorsiva che congiungeva la questione razziale coloniale e quella metropolitana. Particolare attenzione è dedicata alle riviste, luoghi privilegiati in cui furono definite le basi teoriche della dottrina sulla diversità razziale. Fondamentali strumenti per l’elaborazione e la diffusione del sapere giuridico europeo a partire della seconda metà del XIX secolo, le riviste rappresentarono il principale canale di legittimazione del «diritto razzista», che finì così per ritagliarsi una propria specialità.
Silvia Falconieri ha conseguito il titolo di dottore di ricerca presso l’Università di Napoli «Federico II», in cotutela con la Goethe Universität di Francoforte sul Meno, nel quadro del «Dottorato in culture giuridiche europee» che ha tra i suoi partner l’Istituto Italiano di Scienze Umane. È stata post-dottoranda presso il Centre d’études des Normes Juridiques «Yan Thomas» dell’école des Hautes études en Sciences Sociales di Parigi e il Centre d’Histoire Judiciaire dell’Università Lille 2. Ha pubblicato diversi articoli sugli usi della nozione di razza nel diritto italiano e francese dei secoli XIX e XX.
Papers by Falconieri Silvia

Sources. Matériaux & terrains en études africaines, 2024
L’histoire juridique de la folie a longtemps demeuré un sujet de recherche marginal au sein des é... more L’histoire juridique de la folie a longtemps demeuré un sujet de recherche marginal au sein des études sur le droit et la justice coloniale français des xixe et xxe siècles. Depuis environ une décennie, les études sur la folie en situation coloniale, dans le continent africain, font l’objet d’un renouveau, à la fois thématique et méthodologique, dont témoigne l’essor de programmes de recherche spécifiques, collectifs et pluridisciplinaires, tels que AMIAF (« Aliéné mental et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en Afrique française ») et MADAF (« A History of Madness in West Africa: Governing Mental Disorder during Décolonisation [1940s-1970s] »). Les discours et les pratiques juridiques autour de l’altération mentale des populations colonisées par la France en Afrique sont au cœur des recherches que l’équipe pluridisciplinaire du programme AMIAF conduit depuis 2019.
La réflexion autour des sources à mobiliser dans une telle démarche s’avère primordiale. À travers quels documents est-il possible d’étudier le traitement juridique de la folie en situation coloniale ? Comment les ficher, les interroger, les interpréter et les croiser entre elles ? Qu’est-ce que leur configuration nous dit du discours et des pratiques juridiques et administratives autour de la folie (des populations colonisées en particulier) ?
À l’aune de ces questionnements, cet article se penche sur les défis méthodologiques soulevés par la constitution d’un corpus qui permet d’étudier le traitement juridique et administratif de la folie dans les territoires africains anciennement colonisés par la France. Les sources au cœur de cette contribution émanent essentiellement des fonds des Archives nationales d’outre-mer d’Aix-en-Provence, du Service historique de la défense de Toulon, de certaines revues médicales de l’époque considérées consacrées à la médecine et à la psychiatrie coloniale. Il s’agit des matériaux hétérogènes et dispersés, non seulement au niveau géographique mais également au sein d’un même fonds d’archives, qui laissent émerger un éclatement du traitement juridique de la folie dans des contextes disparates (arrestations, procédures d’internement suivant le régime de l’indigénat, plaintes, réformes du cadre législatif, gestion des lieux de soin existant avant la colonisation, questions financières, procédures judiciaires), indépendants des institutions de santé, qui dépassent largement les préoccupations sanitaires pour toucher plutôt aux politiques coloniales, au maintien de l’ordre public et aux questions d’ordre financier.
Dans cette contribution, ces sources sont interrogées à travers la bibliothèque numérique AMIAF, conçue et réalisée dans le cadre de la recherche ANR homonyme. Loin de se borner à réunir un corpus documentaire, cet outil numérique permet à ses usagers d’interroger les documents hébergés suivant des cheminements inédits qui rendent possible la réalisation d’opérations originales de triage et d’ordonnancement des sources. Parmi les modalités de recherche et ordonnancement offertes par la bibliothèque AMIAF figurent les « Index » et le « Nuage de tags ». À l’aide de ces instruments de recherche, en particulier l’index des « Mots de la folie » et le tag « Signes de la folie » l’article s’arrête sur le vocabulaire utilisé par les acteurs du droit colonial dans la désignation de l’altération mentale des populations africaines, ainsi que les éléments dont ils se servent pour la détecter. Loin de toute prétention d’exhaustivité ou d’analyse achevée en la matière, ces exemples souhaitent faire émerger les atouts d’une recherche au sein de cet outil où les documents hébergés sont affichés et ordonnancés suivant un ordre et des critères qui permettent au chercheur de réaliser aisément des analyses croisées inédites.

Contemporanea. Rivista di storia dell''800 e del '900, 2023
Nei territori che la Francia occupa nel XX secolo in Africa subsahariana, l'amministrazione e la ... more Nei territori che la Francia occupa nel XX secolo in Africa subsahariana, l'amministrazione e la giustizia coloniale si confrontano alle problematiche connesse al trattamento della patologia mentale delle popolazioni autoctone in una pluralità di contesti che non rispondono direttamente a preoccupazioni di carattere sanitario, quanto piuttosto alla necessità di garantire l'ordine pubblico coloniale ed il «prestigio del colonizzatore». È il caso di una serie di movimenti di rivolta, di natura «politico-religiosa», che tra gli anni Venti e Trenta del Novecento si oppongono alla presenza francese. Orchestrati da personalità carismatiche, dotate di un forte ascendente sulle popolazioni locali, questi fenomeni costituiscono un osservatorio particolarmente interessante per interrogare uno dei differenti approcci del diritto coloniale nei confronti della follia, termine che ricorre con frequenza nella documentazione archivistica relativa alla repressione di tali movimenti. In quale maniera emerge nel discorso e nelle pratiche del diritto coloniale la questione dell'alterazione mentale? È possibile ipotizzare che i movimenti di rivolta e dissenso abbiano svolto una funzione di catalizzazione di alcune delle problematiche legate alla patologia mentale e al suo trattamento? Keywords Madness; colonial law; indigenous.

Revues et empires coloniaux, 2021
Fondés à la fin du xixe siècle, le Recueil Dareste et le Recueil Penant font partie des principau... more Fondés à la fin du xixe siècle, le Recueil Dareste et le Recueil Penant font partie des principaux périodiques français spécialisés en droit colonial. À travers un dépouillement complet de ces deux revues, cette contribution vise à réaliser une étude thématique à caractère comparatif, en s’arrêtant sur les problèmes soulevés par la définition du statut juridique des personnes nées dans l’espace ultramarin de parents légalement inconnus. Il s’agit de l’une des questions les plus brûlantes qui occupent les spécialistes de droit colonial à partir de la fin du xixe siècle. Ces personnes doivent être considérées comme citoyens français ou plutôt comme des sujets ? Comment le Penant et le Dareste ont approché cette question ? Quelles sont les divergences et les convergences interprétatives entre ces deux revues ? Est-il possible de détecter deux différents approches au droit colonial ?
Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 2022
L’article rend compte de la réflexion méthodologique qui a été conduite dans le cadre de la reche... more L’article rend compte de la réflexion méthodologique qui a été conduite dans le cadre de la recherche AMIAF – Aliéné et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en Afrique française (Fin xixe-xxe siècles) – autour des sources permettant d’écrire une histoire juridique de la folie en situation coloniale. Il s’arrête dans un premier temps sur l’analyse des sources, en particulier celles émanant des archives coloniales. Dans un deuxième temps, cette contribution réfléchit à la mise en place d’instruments techniques qui facilitent l’accès et l’exploitation des fonds documentaires à la communauté scientifique, comme à tout public intéressé par le sujet, en faisant un retour d’expérience relatif à la construction de la bibliothèque numérique AMIAF.
Droit et société, 2021
Distribution électronique Cairn.info pour Lextenso. © Lextenso. Tous droits réservés pour tous pa... more Distribution électronique Cairn.info pour Lextenso. © Lextenso. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Histoire, médecine et santé, 2021
Les écrits des juristes et des administrateurs coloniaux français de la première moitié du XXe si... more Les écrits des juristes et des administrateurs coloniaux français de la première moitié du XXe siècle sont ponctués d’expressions telles que « mentalité indigène », « mentalité primitive », « âme indigène », ou encore « esprit indigène ». Évoquant un univers mental autre, ces formulations sont utilisées pour légitimer le recours à un droit spécial, adapté au niveau de développement psychique des populations colonisées.
Que se passe-t-il lorsque l’altérité constitutive de l’indigène se double d’une différence supplémentaire qui touche à la sphère de la santé mentale ? Dans quelles circonstances et dans quels contextes les juges et les administrateurs coloniaux se saisissent-ils de la maladie mentale des populations colonisées ? Quel rôle jouent la médecine, la psychiatrie et, plus largement, les sciences du psychisme dans la définition progressive d’un savoir juridico-administratif sur la folie des populations colonisées ?
À la lumière de ces questionnements, cet article s’arrête sur certains discours et certaines pratiques juridico-administratifs, qui prennent en compte l’univers mental indigène dans les territoires de l’Afrique française subsaharienne et de Madagascar durant la période de l’entre-deux-guerres. L’analyse de ces discours et pratiques fait jaillir la labilité de la frontière qui sépare l’« ordinaire » du « pathologique » de l’âme indigène. Fortement marqué par des postulats ethniques et raciaux, l’imaginaire juridico-administratif sur la folie des populations africaines se construit au travers d’échanges, d’emprunts, de convergences et d’affrontements avec le savoir des médecins aliénistes et des « psychiatres coloniaux ». Au seuil des années 1940, le traitement juridico-administratif de la maladie mentale des populations indigènes se définit dans une négociation permanente entre les différents pouvoirs et savoirs en présence en situation coloniale. Alors que les instances politiques et administratives instrumentalisent les savoirs sur le psychisme, durant les années 1920, les aliénistes revendiquent une participation active à la prise de décisions politiques, en essayant de domestiquer, voir d’exclure, les juges et les administrateurs locaux. La condition légale de l’Africain mentalement atteint en sort morcelée.

Droit et Société, 2021
En 1939, une longue étude consacrée au Code de la famille paraît dans la section doctrinale de la... more En 1939, une longue étude consacrée au Code de la famille paraît dans la section doctrinale de la Gazette du Palais, sous la plume du professeur de droit civil, Paul Esmein. Dans les « Généralités », l'auteur s'arrête sur les principes inspirateurs des dispositions prises par le gouvernement Daladier en matière de famille, démographie et natalité. Dans ce commentaire introductif, Esmein mobilise à plusieurs reprises, et sous différentes acceptions, le mot « race ». En quel sens et de quelles manières, à la veille de l'avènement du régime de Vichy, Esmein emploie-t-il ce mot ? Qu'est-ce que la « race » dans le Code de la famille et dans l'étude d'un civiliste de son envergure ? Est-ce que ce mot recouvre la même signification dans le texte du décret du 29 juin 1939 et dans les « Généralités » de l'étude d'Esmein ? À l'aune de ces questionnements, cet article interroge et analyse les usages polysémiques de la « race » dans un commentaire doctrinal « ordinaire » d'un civiliste du XX e siècle.

Politika, 2021
1. Une histoire des usages juridiques de la race 1 L'étude historique des usages de la notion de ... more 1. Une histoire des usages juridiques de la race 1 L'étude historique des usages de la notion de race dans les systèmes juridiques européens du XX e siècles a connu un très long et assourdissant silence, de nombreuses résistances, de profondes incertitudes et de multiples revirements. Les législations racistes des années 1930-1940, frappant les Juifs et promulguées par la plupart des pays européens 2 , sont assurément à l'origine du malaise des historiens, et surtout des historiens du droit. Pour des raisons multiples, qui tiennent sans doute en large partie à la profonde implication de figures éminentes du monde du droit dans la conception et dans l'application des mesures de discrimination raciale, l'historiographie juridique européenne n'est parvenue que dans les deux dernières décennies à inverser le sens de la route, en produisant un nombre considérable de travaux qui ont fait sortir de l'ombre les imbrications profondes entre la race et le droit dans régimes totalitaires de la première moitié du XX e siècle 3. 1 Nous prenons le parti de ne pas utiliser de guillemets pour le mot race, tiré des sources de l'époque. Il en va de même de pour les expressions utilisées pour désigner des populations et des individus sur la base de critères raciaux, soit indigène, Juifs, aryen, métis. 2 À peine une décennie plus tard, une législation frappant les Juifs fut publiée en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Italie, en Roumanie, en France. Sur le point, nous faisons référence à un grand classique en la matière : R. Hilberg, The distruction of Europeans Jews, New-York-London, Holmes and Meier Publischers, 1961. 3 Nous nous bornons à citer les principales références bibliographiques d'histoire du droit, les plus récentes, concernant les pays que nous étudierons dans cet article (Italie, France et Allemagne, en moindre partie) : E.

La Revue des Droits de l'Hommes, 2021
Le texte de la Déclaration sur la race, approuvé par le Grand conseil du fascisme en octobre 1938... more Le texte de la Déclaration sur la race, approuvé par le Grand conseil du fascisme en octobre 1938, définit le « problème juif » comme « l'aspect métropolitain d'un problème de caractère général ». Les politiques raciales, coloniales et antisémites sont situées dans un même continuum. L'affichage de la complémentarité entre les espaces métropolitain et ultramarin dans les sources de la période fasciste doit retenir l'attention de l'historien du droit qui se penche sur l'étude du racisme institutionnalisé. En effet, lorsque le gouvernement adopte les premières mesures frappant les « personnes appartenant à la race juive », l'arsenal juridique italien en matière raciale est déjà bien fourni. Des catégories, des techniques législatives et des usages de la notion de « race » se sont déjà forgés dans le cadre du droit colonial, à compter de la fin du XIX e siècle. Cet article remonte le chemin colonial de la mise en place des catégories raciales. Pour ce faire, il s'arrête sur les moments cruciaux du lien incontournable entre la métropole et l'outremer : le renforcement du principe du ius sanguinis dans le cadre du pluralisme juridique colonial ; l'adoption progressive de la part des spécialistes du droit public et du droit colonial d'un langage davantage inspiré de la notion de « race » ; l'affirmation, par voie doctrinale et jurisprudentielle, de l'empêchement de mariages mixtes ; la définition de la condition juridique des métis italo-africains.
Abstract The Declaration on Race, a text approved by the Great Council of Fascism in October 1938, defines the "Jewish problem" as "the metropolitan aspect of a problem with a general character". Colonial and anti-Jewish racial policies lie on the same continuum. Showing the complementarity between metropolitan and ultramarine spaces in the sources of the fascist period should retain the attention of the legal historian concerned with the study of institutionalized racism. Indeed, when the government adopts the first measures affecting "persons belonging to the Jewish race", the Italian legal arsenal on racial matters is already well equipped. Categories, legislative techniques and uses of the concept of "race" have already been forged under colonial law since the end of the 19 th century. This article retraces the colonial path of establishing racial categories. To this end, it focuses on the crucial moments in the fundamental link between the metropolis and the overseas territories: the strengthening of the ius sanguinis principle within the framework of colonial legal pluralism; the gradual adoption by specialists in public and colonial law of a language more influenced by the notion of "race"; the establishment, by doctrinal and jurisprudential means, of the impediment to mixed marriages; the definition of the legal status of Italian-African mixed race people.
Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 2019

Fondés à la fin du XIX e siècle, le Recueil Dareste et le Recueil Penant font partie des principa... more Fondés à la fin du XIX e siècle, le Recueil Dareste et le Recueil Penant font partie des principaux périodiques français spécialisés en droit colonial. À travers un dépouillement complet de ces deux revues, cette contribution vise à réaliser une étude thématique à caractère comparatif, en s'arrêtant sur les problèmes soulevés par la définition du statut juridique des personnes nées dans l'espace ultramarin de parents légalement inconnus. Il s'agit de l'une des questions les plus brûlantes qui occupent les spécialistes de droit colonial à partir de la fin du XIX e siècle. Ces personnes doivent être considérées comme citoyens français ou plutôt comme des sujets ? Comment le Penant et le Dareste ont approché cette question ? Quelles sont les divergences et les convergences interprétatives entre ces deux revues ? Est-il possible de détecter deux différents approches au droit colonial ? Mots-clés : Métis – parents inconnus – revue – Penant – Dareste – race – protectorat – mandat – colonie – droit colonial Abstract : In the end of the XIX th century, the Recueil Dareste and the Recueil Penant are a part of main French periodicals specialized in colonial law. Through a complete perusal of these two reviews, this contribution aims at realizing a thematic and comparative study by focusing on the problems raised by definition of the legal status of the people been born in ultramarine space of unknown parents. It is a question which occupies the specialists of colonial law from the end of the XIXth century. These people must be considered as French citizens or as subject ? How Penant and Dareste approached this question ? Which are the differences and the interpretative convergences between two reviews ? Is it possible to detect two approach in the colonial law ? Keywords : Mixed-race – Unknown parents – review – Penant – Dareste – protectorate – mandate – colony – colonial law – race.

Quelle a-t -elle été l'implication des juristes italiens dans la politique du Ventennio ? Ont-ils... more Quelle a-t -elle été l'implication des juristes italiens dans la politique du Ventennio ? Ont-ils adhéré aux « principes fascistes » ? Ont-ils participé à la construction d'une théorie juridique du fascisme ? À travers une lecture de la presse juridique périodique, cet article propose une analyse de l'attitude des juristes italiens face au fascisme, en prenant en compte les politiques coloniale et raciale. Il s'agit de deux sujets brûlants qui, à partir de la fin des années 1930, deviennent les pivots de l'action et de la propagande du gouvernement. Dans le discours des juristes soutenant la politique raciale, colonialisme et racisme se rejoignent dans le façonnage de statuts différents, fondés sur le critère ethnique. La puissance du discours juridique bâti pour le fascisme réside dans cette rencontre entre les deux grands thèmes de la race et de l'Empire.
Which was the implication of the Italian lawyers in the policy of Ventennio ? Did they adhere to the principles of fascism ? Did they take part in the construction of a legal theory of fascism ? Through a reading of the periodic legal press, this article proposes an analysis of the attitude of the Italian lawyers with respect to fascism by referring to colonial and racial policies. They are two burning subjects which, starting from the end of 1930, become the heart of action and the propaganda of the government. In the speech of the lawyers supporting the racial policy, colonialism and racism meet in the shaping of different statutes, founded on the ethnic criterion. The power of the legal speech built for fascism lies in this meeting between the two broad topics of the race and the Empire.
Cahiers de la justice, 2014

Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, les juristes spécialistes du droit colonial semblent fort ... more Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, les juristes spécialistes du droit colonial semblent fort sensibles à l’intégration des savoirs extra-juridiques, émanant du milieu des sciences naturelles et sociales, dans leurs discours et pratiques. Cette attitude se manifeste de manière d’autant plus évidente dans la définition des rapports juridiques entre français et in-digènes, lorsqu’il s’agit d’encadrer des cas hybrides ou limites. Comment les spécialistes du droit d’outre-mer sélectionnent-ils et utilisent-ils ces connaissances dans la pratique quoti-dienne du droit ? De quelle manière se construit-il le dialogue entre les juristes et les autres sa-vants ? Quels sont les enjeux de l’usage de ces savoirs ? Cet article aborde ces problématiques, en se concentrant sur la mobilisation des études des orientalistes et de l’anthropologie physique dans la construction des catégories d’« étrangers assimilés aux indigènes » et de « métis ».
in A.-S. CHAMBOST, actes du colloque Des traités aux manuels de droit. Une histoire de la littérature juridique comme forme du discours universitaire (Université Paris Descartes en collaboration avec Sciences Po Paris, mars 2013), Paris, Lextenso, 2014, pp. 253-274.
Autre et la littérature juridique : Juifs et indigènes dans les manuels de droit (XIX e -XX e siè... more Autre et la littérature juridique : Juifs et indigènes dans les manuels de droit (XIX e -XX e siècles). Des traités aux manuels de droit. Une histoire de la littérature juridique comme forme du discours universitaire , Lextenso, pp.253-274, 2014, 978-2-275-04181-0. <halshs-01104489>
Des traités aux manuels de droit. Une histoire de la littérature juridique comme forme du discours universitaire, sous la direction de F. Audren et A.-S. Chambost, 2014
Uploads
Books by Falconieri Silvia
Dans le cadre de ce programme, la bibliothèque virtuelle AMIAF promeut les recherches sur l’histoire de la folie en situation coloniale. Elle accueille et partage ainsi les principales sources documentaires relatives au traitement juridique, administratif, mais aussi médical, des troubles mentaux dans les pays africains anciennement colonisés par la France. Il s’agit de documents émanant des archives coloniales et d’autres fonds archivistiques, de documents iconographiques, d’articles de doctrine juridique, jurisprudence et législation, mais aussi d’études scientifiques issues d’autres secteurs disciplinaires (psychiatrie et médecine coloniales, anthropologie). Cet ensemble de documents sur la mentalité indigène et sur la pathologie mentale a représenté un support théorique pour l'action du législateur, des juristes et des administrateurs coloniaux.
Favorisant l’accès à un corpus composé de sources extrêmement fragmentées et dispersées, la bibliothèque AMIAF facilite l’interaction, le croisement de sources documentaires hétérogènes et une recherche pluridisciplinaire multicritères. Dans son indexation, elle propose des pistes de recherche qui s’inspirent des questionnements scientifiques du programme AMIAF, offrant une liste de mots désignant la folie, les contextes, les institutions, les lieux et les territoires.
Cette bibliothèque virtuelle, unique dans son genre, offre un accès privilégié à des sources touchant une thématique à ce jour inexplorée.
Pour aller plus loin : T. Collier, S. Falconieri, I. Thiebau et A. Zasadzinski, "Source pour une histoire juridique de la folie en situation coloniale. Des documents dispersés à une bibliothèque numérique", Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 23 (2022) : https://journals.openedition.org/cliothemis/2870
Silvia Falconieri ha conseguito il titolo di dottore di ricerca presso l’Università di Napoli «Federico II», in cotutela con la Goethe Universität di Francoforte sul Meno, nel quadro del «Dottorato in culture giuridiche europee» che ha tra i suoi partner l’Istituto Italiano di Scienze Umane. È stata post-dottoranda presso il Centre d’études des Normes Juridiques «Yan Thomas» dell’école des Hautes études en Sciences Sociales di Parigi e il Centre d’Histoire Judiciaire dell’Università Lille 2. Ha pubblicato diversi articoli sugli usi della nozione di razza nel diritto italiano e francese dei secoli XIX e XX.
Papers by Falconieri Silvia
La réflexion autour des sources à mobiliser dans une telle démarche s’avère primordiale. À travers quels documents est-il possible d’étudier le traitement juridique de la folie en situation coloniale ? Comment les ficher, les interroger, les interpréter et les croiser entre elles ? Qu’est-ce que leur configuration nous dit du discours et des pratiques juridiques et administratives autour de la folie (des populations colonisées en particulier) ?
À l’aune de ces questionnements, cet article se penche sur les défis méthodologiques soulevés par la constitution d’un corpus qui permet d’étudier le traitement juridique et administratif de la folie dans les territoires africains anciennement colonisés par la France. Les sources au cœur de cette contribution émanent essentiellement des fonds des Archives nationales d’outre-mer d’Aix-en-Provence, du Service historique de la défense de Toulon, de certaines revues médicales de l’époque considérées consacrées à la médecine et à la psychiatrie coloniale. Il s’agit des matériaux hétérogènes et dispersés, non seulement au niveau géographique mais également au sein d’un même fonds d’archives, qui laissent émerger un éclatement du traitement juridique de la folie dans des contextes disparates (arrestations, procédures d’internement suivant le régime de l’indigénat, plaintes, réformes du cadre législatif, gestion des lieux de soin existant avant la colonisation, questions financières, procédures judiciaires), indépendants des institutions de santé, qui dépassent largement les préoccupations sanitaires pour toucher plutôt aux politiques coloniales, au maintien de l’ordre public et aux questions d’ordre financier.
Dans cette contribution, ces sources sont interrogées à travers la bibliothèque numérique AMIAF, conçue et réalisée dans le cadre de la recherche ANR homonyme. Loin de se borner à réunir un corpus documentaire, cet outil numérique permet à ses usagers d’interroger les documents hébergés suivant des cheminements inédits qui rendent possible la réalisation d’opérations originales de triage et d’ordonnancement des sources. Parmi les modalités de recherche et ordonnancement offertes par la bibliothèque AMIAF figurent les « Index » et le « Nuage de tags ». À l’aide de ces instruments de recherche, en particulier l’index des « Mots de la folie » et le tag « Signes de la folie » l’article s’arrête sur le vocabulaire utilisé par les acteurs du droit colonial dans la désignation de l’altération mentale des populations africaines, ainsi que les éléments dont ils se servent pour la détecter. Loin de toute prétention d’exhaustivité ou d’analyse achevée en la matière, ces exemples souhaitent faire émerger les atouts d’une recherche au sein de cet outil où les documents hébergés sont affichés et ordonnancés suivant un ordre et des critères qui permettent au chercheur de réaliser aisément des analyses croisées inédites.
Que se passe-t-il lorsque l’altérité constitutive de l’indigène se double d’une différence supplémentaire qui touche à la sphère de la santé mentale ? Dans quelles circonstances et dans quels contextes les juges et les administrateurs coloniaux se saisissent-ils de la maladie mentale des populations colonisées ? Quel rôle jouent la médecine, la psychiatrie et, plus largement, les sciences du psychisme dans la définition progressive d’un savoir juridico-administratif sur la folie des populations colonisées ?
À la lumière de ces questionnements, cet article s’arrête sur certains discours et certaines pratiques juridico-administratifs, qui prennent en compte l’univers mental indigène dans les territoires de l’Afrique française subsaharienne et de Madagascar durant la période de l’entre-deux-guerres. L’analyse de ces discours et pratiques fait jaillir la labilité de la frontière qui sépare l’« ordinaire » du « pathologique » de l’âme indigène. Fortement marqué par des postulats ethniques et raciaux, l’imaginaire juridico-administratif sur la folie des populations africaines se construit au travers d’échanges, d’emprunts, de convergences et d’affrontements avec le savoir des médecins aliénistes et des « psychiatres coloniaux ». Au seuil des années 1940, le traitement juridico-administratif de la maladie mentale des populations indigènes se définit dans une négociation permanente entre les différents pouvoirs et savoirs en présence en situation coloniale. Alors que les instances politiques et administratives instrumentalisent les savoirs sur le psychisme, durant les années 1920, les aliénistes revendiquent une participation active à la prise de décisions politiques, en essayant de domestiquer, voir d’exclure, les juges et les administrateurs locaux. La condition légale de l’Africain mentalement atteint en sort morcelée.
Abstract The Declaration on Race, a text approved by the Great Council of Fascism in October 1938, defines the "Jewish problem" as "the metropolitan aspect of a problem with a general character". Colonial and anti-Jewish racial policies lie on the same continuum. Showing the complementarity between metropolitan and ultramarine spaces in the sources of the fascist period should retain the attention of the legal historian concerned with the study of institutionalized racism. Indeed, when the government adopts the first measures affecting "persons belonging to the Jewish race", the Italian legal arsenal on racial matters is already well equipped. Categories, legislative techniques and uses of the concept of "race" have already been forged under colonial law since the end of the 19 th century. This article retraces the colonial path of establishing racial categories. To this end, it focuses on the crucial moments in the fundamental link between the metropolis and the overseas territories: the strengthening of the ius sanguinis principle within the framework of colonial legal pluralism; the gradual adoption by specialists in public and colonial law of a language more influenced by the notion of "race"; the establishment, by doctrinal and jurisprudential means, of the impediment to mixed marriages; the definition of the legal status of Italian-African mixed race people.
Which was the implication of the Italian lawyers in the policy of Ventennio ? Did they adhere to the principles of fascism ? Did they take part in the construction of a legal theory of fascism ? Through a reading of the periodic legal press, this article proposes an analysis of the attitude of the Italian lawyers with respect to fascism by referring to colonial and racial policies. They are two burning subjects which, starting from the end of 1930, become the heart of action and the propaganda of the government. In the speech of the lawyers supporting the racial policy, colonialism and racism meet in the shaping of different statutes, founded on the ethnic criterion. The power of the legal speech built for fascism lies in this meeting between the two broad topics of the race and the Empire.
Dans le cadre de ce programme, la bibliothèque virtuelle AMIAF promeut les recherches sur l’histoire de la folie en situation coloniale. Elle accueille et partage ainsi les principales sources documentaires relatives au traitement juridique, administratif, mais aussi médical, des troubles mentaux dans les pays africains anciennement colonisés par la France. Il s’agit de documents émanant des archives coloniales et d’autres fonds archivistiques, de documents iconographiques, d’articles de doctrine juridique, jurisprudence et législation, mais aussi d’études scientifiques issues d’autres secteurs disciplinaires (psychiatrie et médecine coloniales, anthropologie). Cet ensemble de documents sur la mentalité indigène et sur la pathologie mentale a représenté un support théorique pour l'action du législateur, des juristes et des administrateurs coloniaux.
Favorisant l’accès à un corpus composé de sources extrêmement fragmentées et dispersées, la bibliothèque AMIAF facilite l’interaction, le croisement de sources documentaires hétérogènes et une recherche pluridisciplinaire multicritères. Dans son indexation, elle propose des pistes de recherche qui s’inspirent des questionnements scientifiques du programme AMIAF, offrant une liste de mots désignant la folie, les contextes, les institutions, les lieux et les territoires.
Cette bibliothèque virtuelle, unique dans son genre, offre un accès privilégié à des sources touchant une thématique à ce jour inexplorée.
Pour aller plus loin : T. Collier, S. Falconieri, I. Thiebau et A. Zasadzinski, "Source pour une histoire juridique de la folie en situation coloniale. Des documents dispersés à une bibliothèque numérique", Clio@themis. Revue électronique d'histoire du droit, 23 (2022) : https://journals.openedition.org/cliothemis/2870
Silvia Falconieri ha conseguito il titolo di dottore di ricerca presso l’Università di Napoli «Federico II», in cotutela con la Goethe Universität di Francoforte sul Meno, nel quadro del «Dottorato in culture giuridiche europee» che ha tra i suoi partner l’Istituto Italiano di Scienze Umane. È stata post-dottoranda presso il Centre d’études des Normes Juridiques «Yan Thomas» dell’école des Hautes études en Sciences Sociales di Parigi e il Centre d’Histoire Judiciaire dell’Università Lille 2. Ha pubblicato diversi articoli sugli usi della nozione di razza nel diritto italiano e francese dei secoli XIX e XX.
La réflexion autour des sources à mobiliser dans une telle démarche s’avère primordiale. À travers quels documents est-il possible d’étudier le traitement juridique de la folie en situation coloniale ? Comment les ficher, les interroger, les interpréter et les croiser entre elles ? Qu’est-ce que leur configuration nous dit du discours et des pratiques juridiques et administratives autour de la folie (des populations colonisées en particulier) ?
À l’aune de ces questionnements, cet article se penche sur les défis méthodologiques soulevés par la constitution d’un corpus qui permet d’étudier le traitement juridique et administratif de la folie dans les territoires africains anciennement colonisés par la France. Les sources au cœur de cette contribution émanent essentiellement des fonds des Archives nationales d’outre-mer d’Aix-en-Provence, du Service historique de la défense de Toulon, de certaines revues médicales de l’époque considérées consacrées à la médecine et à la psychiatrie coloniale. Il s’agit des matériaux hétérogènes et dispersés, non seulement au niveau géographique mais également au sein d’un même fonds d’archives, qui laissent émerger un éclatement du traitement juridique de la folie dans des contextes disparates (arrestations, procédures d’internement suivant le régime de l’indigénat, plaintes, réformes du cadre législatif, gestion des lieux de soin existant avant la colonisation, questions financières, procédures judiciaires), indépendants des institutions de santé, qui dépassent largement les préoccupations sanitaires pour toucher plutôt aux politiques coloniales, au maintien de l’ordre public et aux questions d’ordre financier.
Dans cette contribution, ces sources sont interrogées à travers la bibliothèque numérique AMIAF, conçue et réalisée dans le cadre de la recherche ANR homonyme. Loin de se borner à réunir un corpus documentaire, cet outil numérique permet à ses usagers d’interroger les documents hébergés suivant des cheminements inédits qui rendent possible la réalisation d’opérations originales de triage et d’ordonnancement des sources. Parmi les modalités de recherche et ordonnancement offertes par la bibliothèque AMIAF figurent les « Index » et le « Nuage de tags ». À l’aide de ces instruments de recherche, en particulier l’index des « Mots de la folie » et le tag « Signes de la folie » l’article s’arrête sur le vocabulaire utilisé par les acteurs du droit colonial dans la désignation de l’altération mentale des populations africaines, ainsi que les éléments dont ils se servent pour la détecter. Loin de toute prétention d’exhaustivité ou d’analyse achevée en la matière, ces exemples souhaitent faire émerger les atouts d’une recherche au sein de cet outil où les documents hébergés sont affichés et ordonnancés suivant un ordre et des critères qui permettent au chercheur de réaliser aisément des analyses croisées inédites.
Que se passe-t-il lorsque l’altérité constitutive de l’indigène se double d’une différence supplémentaire qui touche à la sphère de la santé mentale ? Dans quelles circonstances et dans quels contextes les juges et les administrateurs coloniaux se saisissent-ils de la maladie mentale des populations colonisées ? Quel rôle jouent la médecine, la psychiatrie et, plus largement, les sciences du psychisme dans la définition progressive d’un savoir juridico-administratif sur la folie des populations colonisées ?
À la lumière de ces questionnements, cet article s’arrête sur certains discours et certaines pratiques juridico-administratifs, qui prennent en compte l’univers mental indigène dans les territoires de l’Afrique française subsaharienne et de Madagascar durant la période de l’entre-deux-guerres. L’analyse de ces discours et pratiques fait jaillir la labilité de la frontière qui sépare l’« ordinaire » du « pathologique » de l’âme indigène. Fortement marqué par des postulats ethniques et raciaux, l’imaginaire juridico-administratif sur la folie des populations africaines se construit au travers d’échanges, d’emprunts, de convergences et d’affrontements avec le savoir des médecins aliénistes et des « psychiatres coloniaux ». Au seuil des années 1940, le traitement juridico-administratif de la maladie mentale des populations indigènes se définit dans une négociation permanente entre les différents pouvoirs et savoirs en présence en situation coloniale. Alors que les instances politiques et administratives instrumentalisent les savoirs sur le psychisme, durant les années 1920, les aliénistes revendiquent une participation active à la prise de décisions politiques, en essayant de domestiquer, voir d’exclure, les juges et les administrateurs locaux. La condition légale de l’Africain mentalement atteint en sort morcelée.
Abstract The Declaration on Race, a text approved by the Great Council of Fascism in October 1938, defines the "Jewish problem" as "the metropolitan aspect of a problem with a general character". Colonial and anti-Jewish racial policies lie on the same continuum. Showing the complementarity between metropolitan and ultramarine spaces in the sources of the fascist period should retain the attention of the legal historian concerned with the study of institutionalized racism. Indeed, when the government adopts the first measures affecting "persons belonging to the Jewish race", the Italian legal arsenal on racial matters is already well equipped. Categories, legislative techniques and uses of the concept of "race" have already been forged under colonial law since the end of the 19 th century. This article retraces the colonial path of establishing racial categories. To this end, it focuses on the crucial moments in the fundamental link between the metropolis and the overseas territories: the strengthening of the ius sanguinis principle within the framework of colonial legal pluralism; the gradual adoption by specialists in public and colonial law of a language more influenced by the notion of "race"; the establishment, by doctrinal and jurisprudential means, of the impediment to mixed marriages; the definition of the legal status of Italian-African mixed race people.
Which was the implication of the Italian lawyers in the policy of Ventennio ? Did they adhere to the principles of fascism ? Did they take part in the construction of a legal theory of fascism ? Through a reading of the periodic legal press, this article proposes an analysis of the attitude of the Italian lawyers with respect to fascism by referring to colonial and racial policies. They are two burning subjects which, starting from the end of 1930, become the heart of action and the propaganda of the government. In the speech of the lawyers supporting the racial policy, colonialism and racism meet in the shaping of different statutes, founded on the ethnic criterion. The power of the legal speech built for fascism lies in this meeting between the two broad topics of the race and the Empire.
Focalisée sur la faculté de droit de Paris pendant les années sombres de l’Occupation allemande, cette étude se propose d’apporter des bribes de réponses à ces questionnements, en essayant de saisir le degré d’implication des professeurs et des étudiants dans le nouveau régime et dans l’application des mesures visant à exclure les fonctionnaires et les étudiants « regardés comme juifs » ; de déterminer la place accordée au Statut des juifs dans la formation des jeunes juristes français des années 1940 et de mesurer la participation de la faculté au processus de métabolisation du droit antisémite."
Dans ce contexte, que se passe-t-il lorsque la différence de statut de l’« indigène » se double d’une différence supplémentaire qui touche à la sphère de la pathologie mentale ? Quelles sont les spécificités du traitement juridico-administratif de la folie des populations autochtones qui habitent les territoires africains colonisés par la France ? L’idée d’une mentalité spécifique à une population déterminée demeure-t-elle opératoire lorsque les institutions se chargent aujourd’hui de l’accueil et de la santé mentale des personnes issues de l’immigration ?
Ces questionnements ont animé les recherches réalisées par l’équipe pluridisciplinaire du programme AMIAF – Aliéné et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en Afrique française (Fin XIXe siècle-1960) – financé par l’ANR. Ce colloque de clôture est l’occasion d’en discuter les résultats les plus marquants, ainsi que de dessiner des nouvelles pistes et perspectives dans ce domaine de recherche en plein essor.
Elle sera consacré au thème : Les archives pour une histoire juridique de la folie en situation coloniale.
Programme de la matinée
9h30/11h15
Silvia Falconieri (CR, CNRS, IMAF)
Administration et justice coloniale face à la folie. Faire parler les archives
Timothy Collier (Post-doctorant, CNRS, IMAF, ANR AMIAF)
Repérage, fichage et analyse croisée des sources aux ANOM
Isabelle Thiebau (AI, CNRS, IMAF)
Présentation de la bibliothèque numérique AMIAF
11H30/13h
Table ronde avec les interventions de
Romain Tiquet (CR, CNRS, IMAF) : Les dossiers des patients psychiatriques aux Archives Nationales du Sénégal
Paul Marquis (Post-doctorat CNRS, IMAF) : Les archives de l'hôpital de Blida-Joinville
Gaia Manetti (Doctorante, Université de Pise, Université de Genève) : Les archives de l'Hôpital psychiatrique de Montperrin
Coord. par Silvia FALCONIERI (CNRS, IMAF)
Calendrier et modalités des propositions d’articles :
Les propositions d’articles (d’un maximum de 3500 caractères, espaces comprises) devront être envoyées à l’adresse suivante : [email protected] pour le 1er juin 2021.
• Remise des articles au 1er décembre 2021.
• Première évaluation des articles début 2022.
• Remise des articles corrigés au 1er mai 2022.
• Seconde évaluation des articles mi-2022.
• Parution prévue en novembre-décembre 2022.