Sociology

Sur la question de l'ordre dans la classe, contre une tendance lourde à penser l'autorité des enseignants et la "forme" dans les rapports maître/élève indépendamment du "fond", de l'enseignement lui-même (ses "contenus", ses ambitions, ses tensions)

Urban civility is not merely about avoiding incidents, respecting rules (or not) , minding one's own business and moving forward. Everyday urban sociability proves wider, deeper, more interesting and more concerned with what can be shared, even between strangers, with possibilities of trust, and forms of sympathy, as show interactions with and around babies occurring in the city.

Ce texte étudie les parcours de réparation de victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, à partir d’observations et d’entretiens menés dans les permanences d’accueil de la FNATH à Paris et dans la région parisienne, puis au domicile des personnes rencontrées, entre octobre 2007 et juin 2008. Le texte s’intéresse à la façon dont les personnes construisent l’intelligibilité de ce qui leur est arrivé et décrivent ce qu’était leur rapport à la santé et aux risques encourus dans les situations de travail passées. Puis décrit les épreuves et les étapes du parcours de ces victimes au moment de faire valoir leurs droits à la réparation. Il apparaît que, malgré la rupture biographique que constitue l’événement (accident ou déclaration de la maladie), une certaine continuité logique relie ces deux moments, en ce qui concerne la difficulté des victimes à faire valoir leurs droits, à la santé d’abord, à la réparation ensuite. À chaque étape se découvrent une non disponibilité des droits, une pente à l’autocensure suscitée par le sentiment d’impuissance, une banalisation du renoncement à faire valoir ce qui est estimé juste et vrai. La difficulté à défendre sa santé au travail en contexte ordinaire ne fait, en un sens, que se prolonger, se rendre plus manifeste et plus pénalisante, dans la difficulté à faire valoir ses droits à la réparation, une fois l’épreuve survenue.
Texte paru dans Courtet C., Gollac M., 2012, Risques du travail. La santé négociée. Paris, La Découverte.

By taking seriously the idea that democracy is a way of life, a pragmatist approach to democracy invites us to reconsider how manners and the political realm of free thought may be related. The present contribution argues that civil interactions are part of the experience of citizenship and represent one of the ways through which political principles can come to life. Civility is therefore described as an activity rather than a set of rules, the role of which in democratic life has been often underestimated. In civil interactions, people struggle and hesitate, and even fight to establish conditions of respect, trust, solidarity, or authority. They practically define the bond between people who have nothing more in common than living in the same society. Far from being a mere mechanical or conservative repetition of inherited habits, civil interactions, when studied closely, exhibit the constant effort people make to promote what they care about. Civility should therefore be considered as an activity the difficulties associated with which aim at embodying through sociability, the political link between citizens.

The sociability of very young children reveals a neglected dimension of relations in public, it highlights issues of ordinary urban contact that often go unnoticed : an inclination towards friendliness, a concern for others and the surrounding world, which, while admittedly limited and sometimes disputed, nevertheless contribute to an ordinary sense of belonging to a moral and political community.

La blessure infligée par les actes terroristes perpétrés à Paris le vendredi 13 novembre 2015 tient en partie au fait qu'ils ont usé des qualités spécifiques aux espaces publics urbains pour les retourner contre elles-mêmes : hospitalité, suspension des identités et confiance a priori en autrui. Toutes ces caractéristiques sont au fondement des échanges civils dans les espaces publics démocratiques.

Les moeurs et la culture politique ne forment pas un simple arrière-plan pour l'action politique, elles en constituent le lieu même d'élaboration, ou de refoulement. C'est ce que montre l'ouvrage de Nina Eliasoph. Recensé : Nina Eliasoph, L'évitement du politique. Comment les Américains produisent l'apathie dans la vie quotidienne. [Avoiding Politics. How American produce apathy in everyday life, Cambridge University Press, 1998] traduit de l'anglais par Camille Hamidi, Paris, Economica, 2010, 352p., 30€
Faisant fond sur l'idée tocquevillienne que vie associative et vitalité démocratique sont étroitement reliées, l'ethnographe investit différents groupes civiques, dont elle devient membre, partage l'existence et les activités, pour décrire et analyser leurs manières de se rapporter à la politique et à la vie publique. La démarche est guidée par deux questions : Quelle est la place des citoyens ordinaires dans la vie publique ? Quelle est la place de la discussion politique dans l'élaboration quotidienne de la compétence politique ? Et c'est par la bande, en analysant le déroulement des conversations ordinaires des Américains, que l'auteure aborde la question de l'engagement des citoyens dans la vie publique. Elle met au jour les rouages d'une culture de l'évitement du politique, par laquelle les citoyens renoncent à thématiser leurs expériences dans une perspective politique, alors même que le cours et les affaires du monde ne les laissent ni satisfaits, ni indifférents.