Books by Carole Gayet-Viaud
L'engagement comme expérience, 2023
Papers by Carole Gayet-Viaud
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2020
]. Carole Gayet-Viaud est chargée de recherche au CNRS (Centre de recherches sociologiques sur le... more ]. Carole Gayet-Viaud est chargée de recherche au CNRS (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales) [
Éditions de la Sorbonne eBooks, 2021
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021
L'engagement comme expérience
Sociologies, Feb 23, 2015
Cet article interroge les apports possibles du pragmatisme a une ethnographie de la citoyennete, ... more Cet article interroge les apports possibles du pragmatisme a une ethnographie de la citoyennete, a cote de l’etude classique des mobilisations collectives, du vote ou des problemes publics. Prenant au serieux l’idee de la democratie comme mode de vie, l’enquete consiste a saisir la formation de la culture et de la capacite d’agir politique depuis les experiences ordinaires de la coexistence. L’attention se porte sur des actions, apparemment mineures, temoignant d’un sens politique, visant le monde en tant qu’il est commun. Appliquee aux espaces publics urbains, cette demarche conduit a identifier ce qui trouble et sollicite les personnes au gre de leurs deplacements et a examiner la transformation eventuelle de ces sollicitations en interventions.
in P. Fasula et S. Laugier (eds.), Concepts de l'ordinaire, Editions de la Sorbonne., 2020
A partir d’une enquête collective menée par observations et entretiens auprès de plus de soixante... more A partir d’une enquête collective menée par observations et entretiens auprès de plus de soixante-dix parents dans deux grandes villes françaises, nous montrons ce que « devenir parent » fait à l’expérience citoyenne. Le fait de fréquenter quotidiennement les espaces publics urbains avec un ou des enfant(s), en multipliant les épreuves et en modifiant les façons de s’y engager, a aussi pour effet de rendre les personnes plus sensibles à la portée politique de ces espaces : à ce qui peut y être promu comme modes de co-existence.
Sociologie, 2020
ANNEXES
https://journals.openedition.org/sociologie/7248

Les « delegues a la cohesion police-population » sont des fonctionnaires de police retraites qui ... more Les « delegues a la cohesion police-population » sont des fonctionnaires de police retraites qui exercent une mission de rapprochement police/population dans les quartiers identifies comme prioritaires en termes de securite. Cette fonction a ete creee et developpee en deux temps : une premiere fois en 2008 avec le « plan Espoirs banlieue », puis en 2012 dans le cadre des Zones de Securite Prioritaire. Ils sont en 2015 au nombre de 111 (77 pour la Direction Centrale de la Securite Publique , 34 pour la Prefecture de Police ) sur tout le territoire. Selon la note de service du 11 mai 2009 : « chaque delegue doit viser a favoriser un climat de confiance dans son quartier d’affectation, en personnalisant et en multipliant les contacts aupres de la population, des elus, des bailleurs sociaux, des gardiens d’immeubles, des personnels de l’Education nationale, des professions de sante, des associations de riverains ». Notre enquete a ete menee dans le cadre d’une convention passee en 2014 ...
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific r... more HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Aux bords de l’institution policière. Les délégués à la cohésion police-population (DCPP) en recherche de crédibilité Jacques de Maillard, Carole Gayet-Viaud, Fabien Jobard, Adrien Maret

Déviance et société, 2021
https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2021-1-page-7.htm
Les rapports entre hommes et ... more https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2021-1-page-7.htm
Les rapports entre hommes et femmes dans les espaces publics urbains font, depuis plusieurs décen- nies maintenant, l’objet d’un travail militant destiné à ériger en «pro- blème public» (Cefaï, Terzi, 2012) certains comportements récurrents à l’égard des femmes relativement banalisés auparavant. D’abord déve- loppée outre-Atlantique (Kearl, 2010), la lutte contre ce qui est désor- mais décrit et dénoncé comme le phénomène du « harcèlement de rue » a pris son essor en Europe au tournant des années 2010, lors de la média- tisation inédite de certaines expériences féminines de la ville (Lieber, 2008; Peeters, 2012), relayées ensuite par la création de collectifs fémi-
nistes militants, spécifiquement dédiés à ce problème[1].
Des espaces d’engagement, à la fois civique et partisan, se sont ainsi graduellement constitués autour de la question, jusqu’à ce que des collectifs d’acteurs s’organisent et s’imposent comme porteurs de cause et «propriétaires» (Gusfield, 2009) du problème public du harcèlement de rue, diffusant et consolidant sa formulation, promouvant la lutte contre ce phénomène, selon des configurations diverses, à l’échelle internationale, et notamment au sein de l’espace européen. À la faveur de ces mobilisations à géométrie variable, relayées et amplifiées par une série d’événements fortement médiatisés, le harcèlement de rue a fait l’objet d’un intérêt social et politique croissant, jusqu’à se voir récemment saisi par les politiques publiques. Des outils nouveaux ont été progressivement mis en place, à différentes échelles, visant à la fois à mieux cerner et mesurer le phénomène (innovations institutionnelles, dispositifs, enquêtes), à le prévenir (campagnes de communication, programmes pédagogiques) et à le réprimer (innovations législatives et réglementaires, formation et sensibilisation des personnels de police, etc.), notamment à partir d’inflexions ou d’innovations réglementaires et législatives, aux niveaux local et/ou national.

Déviance et société, 2021
Le problème public du harcèlement de rue s’est aujourd’hui imposé dans le débat public hexagonal,... more Le problème public du harcèlement de rue s’est aujourd’hui imposé dans le débat public hexagonal, en s’adossant à deux notions clés : celle de « harcèlement » et celle de
« continuum des violences ». La notion de harcèlement désigne, dans le
champ des études sur les violences, mais aussi dans le droit français[1],
une forme de violence qui peut être aussi bien psychologique, verbale
que physique, et qui s’exerce de façon répétée sur une victime. La notion
de continuum des violences renvoie, quant à elle, à un plan analytique
d’interprétation des formes et degrés divers de violence. C’est dans le
champ des études féministes que la formule a été forgée (Kelly, 2019)[2]
pour affirmer l’existence d’un lien entre les différentes formes de violence et inviter à considérer avec prudence les nomenclatures qui les
distinguent trop nettement entre elles, jusqu’à les cloisonner, en fonction d’indicateurs de gravité a priori Ces deux notions, désormais mobilisées de concert par les milieux académiques, militants et politiques[3], se prêtent, derrière leur omniprésence et l’apparent consensus que celle‑ci suggère, à une diversité d’usages et d’interprétations. Le succès médiatique et politique, et plus récemment, le devenir législatif des raisonnements qu’elles ont contribué à porter, justifient qu’on les envisage depuis les usages auxquels elles ont donné lieu et les conséquences qu’elles ont permis de produire[4].
On propose de revenir dans cet article sur la genèse de la théorisation des rapports femmes‑hommes en public, et plus spécifiquement des problèmes posés par les « propos publics offensants[5] » subis par les femmes dans les espaces publics urbains, en termes de harcèlement de rue. On montrera comment cette thématisation a contribué
au processus de politisation de la question ; on identifiera ensuite des effets inaperçus de cette configuration du phénomène (Gusfield, 2009) et certaines implications des notions de « continuum de violence » et de « harcèlement ».

Recense : Bruno Latour, Ou atterrir ? Comment s'orienter en politique, Paris, La Decouverte, ... more Recense : Bruno Latour, Ou atterrir ? Comment s'orienter en politique, Paris, La Decouverte, 2017, 160 p. Dans son dernier ouvrage, Bruno Latour reconsidere le Brexit et l'election presidentielle americaine de 2016 a la lumiere de l'ecologie politique. Donald Trump y figure le chef de file des « secessionnistes » et le heros paradoxal de la lutte contre le changement climatique. L'essai de Bruno Latour, Ou atterrir ?, propose une lecture de la situation mondiale contemporaine qui place la question ecologique en son coeur. Il propose d'adosser la comprehension des enjeux politiques mondiaux relatifs au changement climatique a l'actualite politique recente, et fait de Trump un pivot de sa lecture : son election permet de « relier trois phenomenes que les commentateurs ont deja reperes mais dont ils ne voient pas toujours le lien » (p. 9) : 1. la « deregulation », qui « va donner au mot de "globalisation" un sens de plus en plus pejoratif » ; 2. l'...
Revue française de science politique
Resume L'article vise a documenter empiriquement quelles etaient les caracteristiques sociale... more Resume L'article vise a documenter empiriquement quelles etaient les caracteristiques sociales des presents a Nuit Debout place de la Republique, en s'appuyant sur une enquete collective par questionnaires passes in situ au printemps 2016 place de la Republique a Paris. Bien qu'issus des classes superieures de la societe francaise, une bonne partie des presents sont des « creatifs culturels » travaillant dans des secteurs d'emploi en crise. La relative concentration, mais aussi limitation, de ces milieux de recrutement en Ile-de-France constitue une des explications du caractere a la fois soudain et circonscrit dans le temps de Nuit Debout. Ces caracteristiques aident aussi a comprendre que cette mobilisation ait pris la forme nouvelle d'une conviviale et sociable occupation de la place de la Republique.

Acta Sociologica, Nov 10, 2011
The urban social interaction was for long time –and it still is– thought in a negative way: it i... more The urban social interaction was for long time –and it still is– thought in a negative way: it is often defined as opposed to the social spaces of inter-recognition, to the long-standing enrollment of it in time, or to its capacity of setting at play the distinctiveness of individuals. By such a great unfavorable comparison, the fleeting relationships among anonymous individuals are linked with all of social relations representing the most factual things: the self-apparent evidence of the “codes”. This article, a by-product of an ethnographic research carried out in Paris, proposes to reconsider this perspective in order to try to identify the ephemeral social relationships’ worth of the city. The research focuses on those situations where spontaneous openness to the others is demonstrated, being this a set of close relationship where certain ways of disinterested recognition are present, which cannot be reduced to safeguard individual’s face neither to instrumentality of places or individuals.

Politix
Résumé – La civilité est un concept qui fait aujourd’hui l’objet de polarisations très fortes, su... more Résumé – La civilité est un concept qui fait aujourd’hui l’objet de polarisations très fortes, sur les plans à la fois disciplinaire et idéologique. Pour les uns, elle figure un éden perdu, pour les autres, un mot d’ordre piégé, l’instrument d’une lutte pour l’ordre, en soi réactionnaire. Cette situation appelle une analyse de type généalogique afin d’éclairer la façon dont cette opposition binaire s’est imposée. L’article montre comment le développement du problème public de l’incivilité en France à partir des années 1990 a contri- bué à structurer l’étude de la civilité et de l’incivilité comme deux domaines distincts, et à configurer les questions relatives à la civilité dans les termes d’une opposition idéologique dont la question de l’ordre est devenue l’enjeu central, plaçant la civilité du côté de la pensée réactionnaire. On arguera que la mise en œuvre d’une démarche d’enquête prenant pour objet les interactions civiles appelle à dépasser cette perspective binaire et à envisager la civilité comme une activité dynamique, visant à définir le juste réglage des conduites en public, où le rapport des conventions à un sens ordinaire du juste fait l’objet d’une attention critique et d’une enquête itérative, plutôt que d’une application ou d’un rejet aveugles.

In France, public policies began defining " incivilities " as a primary topic and target to focus... more In France, public policies began defining " incivilities " as a primary topic and target to focus on more than two decades ago. Yet what this term actually means is still somewhat unclear: almost every organization that uses it has its own definition, sometimes its own observatory. Despite, or perhaps because of, its very vagueness, the concept has become widely shared and used, securing itself a place on the agendas of most local security policies, becoming an explicit part of the remits of an increasing number of professionals, from police officers to social workers, including a wide range of municipal agents. The range of situations and behaviors potentially included in the list of " unruly conduct " is seemingly endless, from groups of teenagers hanging out to homeless people privatizing public places, and from using playgrounds as public toilets to noise, garbage, dog fouling, graffiti, queue-jumping, pushing and shoving, street harassment, insults of all kinds, badly parked cars, and so forth. However, not all of them provoke the same public attention. This article focuses on the way disorders are actually defined, measured and dealt with in practice. Incivilities are often said to be growing because of increasing powerlessness. Our research proves action is far from being merely correlative to the legal capacity for sanction.
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Les rapports entre hommes et femmes dans les espaces publics urbains font, depuis plusieurs décen- nies maintenant, l’objet d’un travail militant destiné à ériger en «pro- blème public» (Cefaï, Terzi, 2012) certains comportements récurrents à l’égard des femmes relativement banalisés auparavant. D’abord déve- loppée outre-Atlantique (Kearl, 2010), la lutte contre ce qui est désor- mais décrit et dénoncé comme le phénomène du « harcèlement de rue » a pris son essor en Europe au tournant des années 2010, lors de la média- tisation inédite de certaines expériences féminines de la ville (Lieber, 2008; Peeters, 2012), relayées ensuite par la création de collectifs fémi-
nistes militants, spécifiquement dédiés à ce problème[1].
Des espaces d’engagement, à la fois civique et partisan, se sont ainsi graduellement constitués autour de la question, jusqu’à ce que des collectifs d’acteurs s’organisent et s’imposent comme porteurs de cause et «propriétaires» (Gusfield, 2009) du problème public du harcèlement de rue, diffusant et consolidant sa formulation, promouvant la lutte contre ce phénomène, selon des configurations diverses, à l’échelle internationale, et notamment au sein de l’espace européen. À la faveur de ces mobilisations à géométrie variable, relayées et amplifiées par une série d’événements fortement médiatisés, le harcèlement de rue a fait l’objet d’un intérêt social et politique croissant, jusqu’à se voir récemment saisi par les politiques publiques. Des outils nouveaux ont été progressivement mis en place, à différentes échelles, visant à la fois à mieux cerner et mesurer le phénomène (innovations institutionnelles, dispositifs, enquêtes), à le prévenir (campagnes de communication, programmes pédagogiques) et à le réprimer (innovations législatives et réglementaires, formation et sensibilisation des personnels de police, etc.), notamment à partir d’inflexions ou d’innovations réglementaires et législatives, aux niveaux local et/ou national.
« continuum des violences ». La notion de harcèlement désigne, dans le
champ des études sur les violences, mais aussi dans le droit français[1],
une forme de violence qui peut être aussi bien psychologique, verbale
que physique, et qui s’exerce de façon répétée sur une victime. La notion
de continuum des violences renvoie, quant à elle, à un plan analytique
d’interprétation des formes et degrés divers de violence. C’est dans le
champ des études féministes que la formule a été forgée (Kelly, 2019)[2]
pour affirmer l’existence d’un lien entre les différentes formes de violence et inviter à considérer avec prudence les nomenclatures qui les
distinguent trop nettement entre elles, jusqu’à les cloisonner, en fonction d’indicateurs de gravité a priori Ces deux notions, désormais mobilisées de concert par les milieux académiques, militants et politiques[3], se prêtent, derrière leur omniprésence et l’apparent consensus que celle‑ci suggère, à une diversité d’usages et d’interprétations. Le succès médiatique et politique, et plus récemment, le devenir législatif des raisonnements qu’elles ont contribué à porter, justifient qu’on les envisage depuis les usages auxquels elles ont donné lieu et les conséquences qu’elles ont permis de produire[4].
On propose de revenir dans cet article sur la genèse de la théorisation des rapports femmes‑hommes en public, et plus spécifiquement des problèmes posés par les « propos publics offensants[5] » subis par les femmes dans les espaces publics urbains, en termes de harcèlement de rue. On montrera comment cette thématisation a contribué
au processus de politisation de la question ; on identifiera ensuite des effets inaperçus de cette configuration du phénomène (Gusfield, 2009) et certaines implications des notions de « continuum de violence » et de « harcèlement ».
Les rapports entre hommes et femmes dans les espaces publics urbains font, depuis plusieurs décen- nies maintenant, l’objet d’un travail militant destiné à ériger en «pro- blème public» (Cefaï, Terzi, 2012) certains comportements récurrents à l’égard des femmes relativement banalisés auparavant. D’abord déve- loppée outre-Atlantique (Kearl, 2010), la lutte contre ce qui est désor- mais décrit et dénoncé comme le phénomène du « harcèlement de rue » a pris son essor en Europe au tournant des années 2010, lors de la média- tisation inédite de certaines expériences féminines de la ville (Lieber, 2008; Peeters, 2012), relayées ensuite par la création de collectifs fémi-
nistes militants, spécifiquement dédiés à ce problème[1].
Des espaces d’engagement, à la fois civique et partisan, se sont ainsi graduellement constitués autour de la question, jusqu’à ce que des collectifs d’acteurs s’organisent et s’imposent comme porteurs de cause et «propriétaires» (Gusfield, 2009) du problème public du harcèlement de rue, diffusant et consolidant sa formulation, promouvant la lutte contre ce phénomène, selon des configurations diverses, à l’échelle internationale, et notamment au sein de l’espace européen. À la faveur de ces mobilisations à géométrie variable, relayées et amplifiées par une série d’événements fortement médiatisés, le harcèlement de rue a fait l’objet d’un intérêt social et politique croissant, jusqu’à se voir récemment saisi par les politiques publiques. Des outils nouveaux ont été progressivement mis en place, à différentes échelles, visant à la fois à mieux cerner et mesurer le phénomène (innovations institutionnelles, dispositifs, enquêtes), à le prévenir (campagnes de communication, programmes pédagogiques) et à le réprimer (innovations législatives et réglementaires, formation et sensibilisation des personnels de police, etc.), notamment à partir d’inflexions ou d’innovations réglementaires et législatives, aux niveaux local et/ou national.
« continuum des violences ». La notion de harcèlement désigne, dans le
champ des études sur les violences, mais aussi dans le droit français[1],
une forme de violence qui peut être aussi bien psychologique, verbale
que physique, et qui s’exerce de façon répétée sur une victime. La notion
de continuum des violences renvoie, quant à elle, à un plan analytique
d’interprétation des formes et degrés divers de violence. C’est dans le
champ des études féministes que la formule a été forgée (Kelly, 2019)[2]
pour affirmer l’existence d’un lien entre les différentes formes de violence et inviter à considérer avec prudence les nomenclatures qui les
distinguent trop nettement entre elles, jusqu’à les cloisonner, en fonction d’indicateurs de gravité a priori Ces deux notions, désormais mobilisées de concert par les milieux académiques, militants et politiques[3], se prêtent, derrière leur omniprésence et l’apparent consensus que celle‑ci suggère, à une diversité d’usages et d’interprétations. Le succès médiatique et politique, et plus récemment, le devenir législatif des raisonnements qu’elles ont contribué à porter, justifient qu’on les envisage depuis les usages auxquels elles ont donné lieu et les conséquences qu’elles ont permis de produire[4].
On propose de revenir dans cet article sur la genèse de la théorisation des rapports femmes‑hommes en public, et plus spécifiquement des problèmes posés par les « propos publics offensants[5] » subis par les femmes dans les espaces publics urbains, en termes de harcèlement de rue. On montrera comment cette thématisation a contribué
au processus de politisation de la question ; on identifiera ensuite des effets inaperçus de cette configuration du phénomène (Gusfield, 2009) et certaines implications des notions de « continuum de violence » et de « harcèlement ».
Faisant fond sur l'idée tocquevillienne que vie associative et vitalité démocratique sont étroitement reliées, l'ethnographe investit différents groupes civiques, dont elle devient membre, partage l'existence et les activités, pour décrire et analyser leurs manières de se rapporter à la politique et à la vie publique. La démarche est guidée par deux questions : Quelle est la place des citoyens ordinaires dans la vie publique ? Quelle est la place de la discussion politique dans l'élaboration quotidienne de la compétence politique ? Et c'est par la bande, en analysant le déroulement des conversations ordinaires des Américains, que l'auteure aborde la question de l'engagement des citoyens dans la vie publique. Elle met au jour les rouages d'une culture de l'évitement du politique, par laquelle les citoyens renoncent à thématiser leurs expériences dans une perspective politique, alors même que le cours et les affaires du monde ne les laissent ni satisfaits, ni indifférents.