
Meniel Patrice
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Papers by Meniel Patrice
Résumé
Aux côtés de la vaisselle, largement prédominante dans le discours sur la pratique du banquet dans les mondes méditerranéens et en Europe celtique, mais aussi dans celui sur la colonisation grecque en Occident, les restes fauniques et paléo-environnementaux constituent une source documentaire primordiale pour restituer les nourritures servies lors des repas communautaires. Dans la société grecque antique, toute viande (gibier excepté) était issue de sacrifices d’animaux domestiques dont on retrouve généralement, dans les espaces sacrés, les déchets assignables à la part brûlée en offrande au dieu sur l’autel et aux séquences bouchères. À Érétrie, au VIIIe siècle avant J.-C., les restes d’animaux découverts aux abords des sanctuaires témoignent de ces deux aspects du sacrifice animal, sous la forme de restes calcinés et d’ossements découpés. Seule l’étude conjointe de ces restes et de la vaisselle est susceptible de progrès dans la problématique du banquet grec, tel qu’il était pratiqué par les Eubéens sur place, puis dans les contrées dans lesquelles ils se sont installés, en particulier dans la baie de Naples.
de l’ensemble des restes animaux recueillis dans 383
dépôts effectués dans 204 fosses. Ces restes, dont le
nombre total est proche de 20000, se présentent sous
forme d’ossements, d’ensembles anatomiques correspondant
à des parties de corps, des corps incomplets
ou des corps complets. Les mammifères domestiques
sont au nombre de 335, dont 174 boeufs, 59 porcs, 55
caprinés, dont 20 chèvres et 19 moutons, 40 chevaux
et 7 chiens. Les oiseaux, probablement des coqs domestiques,
sont représentés par sept os, et les mammifères
sauvages par dix os, dont trois objets en bois
de cerf, un crâne d’ours, une tête osseuse de loup et
quatre os de chevreuil.
Parmi les animaux (chapitre 2), on note la présence
de grands boeufs et de grands chevaux, certains représentés
par leur squelette, mais l’essentiel consiste
en petits animaux tels qu’on les connaît à la fin de
l’âge du Fer. Pour le cheval, les juments et les mâles
sont présents en nombres équivalents, mais les premières
sont mortes à un âge beaucoup plus avancé
(vers 11 ans) que les seconds (vers 5 ans). Les bovins,
parmi lesquels deux tiers de vaches et un quart de taureaux,
le reste étant des boeufs châtrés, sont abattus
à des âges très divers, de quelques mois à une douzaine
d’années. Si une majorité d’animaux sont abattus
assez jeunes, certains le sont à un âge avancé : ces
modalités de gestion ne présentent pas d’anomalies
vis-à-vis de la gestion normale d’un cheptel, et aucune
prescription particulière ne peut être décelée à ce niveau.
Par contre les porcs sont morts en majorité entre
six mois et un an, ce qui est précoce si l’on se réfère
à la gestion de l’âge du Fer, où les porcs sont souvent
mis à mort entre un an et demi et deux ans et demi.
Les caprinés, qui rassemblent un peu plus de moutons
que de chèvre, dans la proportion de cinq pour quatre,
sont soumis à un mode de gestion plus traditionnel,
avec la mise à mort de très jeunes sujets, d’immatures
et de séniles. Comme pour le boeuf, il n’apparaît pas de
règles particulières de sélection.
Ces animaux ont fait l’objet de divers traitements
(chapitre 3). Certains ont été découpés, et certains de
leurs os présentent des traces de cuisson à la flamme.
Certains restes ont été sélectionnés, les mandibules
de boeufs, surtout, mais aussi les scapula et, dans une
moindre mesure, les fémurs de chevaux. D’autre part il
apparaît un léger décalage au profit d’un certain nombre
d’os droits, mais les écarts sont peu significatifs
en termes de statistiques. Toutefois ce phénomène ne
semble pas en vigueur dans tous les secteurs du site.
D’autres animaux n’ont pas été découpés, et ont été
retrouvés sous forme de squelettes, parfois incomplets,
sans doute sont-ils arrivés dans les fosses dans
un état de décomposition avancé : ils ont été qualifiés
de carcasses.
La présentation d’une cinquantaine de fosses
(chapitre 4) permet d’illustrer la diversité des dépôts
et des associations.
Ces observations sont reprises dans leur ensemble
pour étudier les différentes formes de dépôts
(chapitre 5), à savoir les amas d’ossements, les pièces
isolées, les crânes, mandibules et scapula, les restes
calcinés, les ensembles anatomiques, les carcasses et
les squelettes.
La répartition de ces formes de dépôts fait l’objet
d’une approche cartographique (chapitre 6), le site
a été découpé en quatre grandes zones, définies sur
les différences de densité en fosses et les évidences
topographiques. Plusieurs cartes de distribution, par
quantités, par espèces, par types de dépôts (squelettes,
les crânes, les mandibules de boeufs) sont présentées
avant une approche chiffrée de ces répartitions,
basées sur les distances des fosses au centre de la
zone principale de dépôt. Cette approche révèle une
organisation des dépôts, avec des amas culinaires en
dehors de la zone A, ou à sa périphérie, alors que les
squelettes sont nombreux dans cette zone (mais pas
dans son centre) ; quant aux crânes, il permettent de
scinder le site en deux parties, car ils sont présents au
nord-est et absents au sud-ouest.
Ces aspects sont repris dans la synthèse (chapitre
7), ainsi qu’une approche stratigraphique des dépôts,
qui révèle, par exemple, que les chevaux sont enfouis
plus profondément que les autres animaux. Mais
comme les profondeurs des fosses varient avec leur
position topographique, on ne sait pas lequel de ces
paramètres est à prendre en compte. Le fait que les
animaux soient soumis à différents traitements permet
de réaliser un essai d’anthropozoologie, afin d’en
tester les statuts respectifs.
La dernière partie (chapitre 8) est consacrée à l’interprétation,
et à un essai solitaire de caractérisation
du site, avec pour point de départ une comparaison
avec les sanctuaires gaulois et les habitats, et qui se
développe autour de deux hypothèses abordées de
manière assez libre, et tout à fait prématurée en l’absence
des résultats des études des autres spécialistes,
celle d’un lieu de culte et celle d’un camp de réfugiés,
d’assiégés ou d’un groupe en transit. À ce stade de
l’étude du site, il n’est pas tiré de conclusions de ces
essais.
Résumé
Aux côtés de la vaisselle, largement prédominante dans le discours sur la pratique du banquet dans les mondes méditerranéens et en Europe celtique, mais aussi dans celui sur la colonisation grecque en Occident, les restes fauniques et paléo-environnementaux constituent une source documentaire primordiale pour restituer les nourritures servies lors des repas communautaires. Dans la société grecque antique, toute viande (gibier excepté) était issue de sacrifices d’animaux domestiques dont on retrouve généralement, dans les espaces sacrés, les déchets assignables à la part brûlée en offrande au dieu sur l’autel et aux séquences bouchères. À Érétrie, au VIIIe siècle avant J.-C., les restes d’animaux découverts aux abords des sanctuaires témoignent de ces deux aspects du sacrifice animal, sous la forme de restes calcinés et d’ossements découpés. Seule l’étude conjointe de ces restes et de la vaisselle est susceptible de progrès dans la problématique du banquet grec, tel qu’il était pratiqué par les Eubéens sur place, puis dans les contrées dans lesquelles ils se sont installés, en particulier dans la baie de Naples.
de l’ensemble des restes animaux recueillis dans 383
dépôts effectués dans 204 fosses. Ces restes, dont le
nombre total est proche de 20000, se présentent sous
forme d’ossements, d’ensembles anatomiques correspondant
à des parties de corps, des corps incomplets
ou des corps complets. Les mammifères domestiques
sont au nombre de 335, dont 174 boeufs, 59 porcs, 55
caprinés, dont 20 chèvres et 19 moutons, 40 chevaux
et 7 chiens. Les oiseaux, probablement des coqs domestiques,
sont représentés par sept os, et les mammifères
sauvages par dix os, dont trois objets en bois
de cerf, un crâne d’ours, une tête osseuse de loup et
quatre os de chevreuil.
Parmi les animaux (chapitre 2), on note la présence
de grands boeufs et de grands chevaux, certains représentés
par leur squelette, mais l’essentiel consiste
en petits animaux tels qu’on les connaît à la fin de
l’âge du Fer. Pour le cheval, les juments et les mâles
sont présents en nombres équivalents, mais les premières
sont mortes à un âge beaucoup plus avancé
(vers 11 ans) que les seconds (vers 5 ans). Les bovins,
parmi lesquels deux tiers de vaches et un quart de taureaux,
le reste étant des boeufs châtrés, sont abattus
à des âges très divers, de quelques mois à une douzaine
d’années. Si une majorité d’animaux sont abattus
assez jeunes, certains le sont à un âge avancé : ces
modalités de gestion ne présentent pas d’anomalies
vis-à-vis de la gestion normale d’un cheptel, et aucune
prescription particulière ne peut être décelée à ce niveau.
Par contre les porcs sont morts en majorité entre
six mois et un an, ce qui est précoce si l’on se réfère
à la gestion de l’âge du Fer, où les porcs sont souvent
mis à mort entre un an et demi et deux ans et demi.
Les caprinés, qui rassemblent un peu plus de moutons
que de chèvre, dans la proportion de cinq pour quatre,
sont soumis à un mode de gestion plus traditionnel,
avec la mise à mort de très jeunes sujets, d’immatures
et de séniles. Comme pour le boeuf, il n’apparaît pas de
règles particulières de sélection.
Ces animaux ont fait l’objet de divers traitements
(chapitre 3). Certains ont été découpés, et certains de
leurs os présentent des traces de cuisson à la flamme.
Certains restes ont été sélectionnés, les mandibules
de boeufs, surtout, mais aussi les scapula et, dans une
moindre mesure, les fémurs de chevaux. D’autre part il
apparaît un léger décalage au profit d’un certain nombre
d’os droits, mais les écarts sont peu significatifs
en termes de statistiques. Toutefois ce phénomène ne
semble pas en vigueur dans tous les secteurs du site.
D’autres animaux n’ont pas été découpés, et ont été
retrouvés sous forme de squelettes, parfois incomplets,
sans doute sont-ils arrivés dans les fosses dans
un état de décomposition avancé : ils ont été qualifiés
de carcasses.
La présentation d’une cinquantaine de fosses
(chapitre 4) permet d’illustrer la diversité des dépôts
et des associations.
Ces observations sont reprises dans leur ensemble
pour étudier les différentes formes de dépôts
(chapitre 5), à savoir les amas d’ossements, les pièces
isolées, les crânes, mandibules et scapula, les restes
calcinés, les ensembles anatomiques, les carcasses et
les squelettes.
La répartition de ces formes de dépôts fait l’objet
d’une approche cartographique (chapitre 6), le site
a été découpé en quatre grandes zones, définies sur
les différences de densité en fosses et les évidences
topographiques. Plusieurs cartes de distribution, par
quantités, par espèces, par types de dépôts (squelettes,
les crânes, les mandibules de boeufs) sont présentées
avant une approche chiffrée de ces répartitions,
basées sur les distances des fosses au centre de la
zone principale de dépôt. Cette approche révèle une
organisation des dépôts, avec des amas culinaires en
dehors de la zone A, ou à sa périphérie, alors que les
squelettes sont nombreux dans cette zone (mais pas
dans son centre) ; quant aux crânes, il permettent de
scinder le site en deux parties, car ils sont présents au
nord-est et absents au sud-ouest.
Ces aspects sont repris dans la synthèse (chapitre
7), ainsi qu’une approche stratigraphique des dépôts,
qui révèle, par exemple, que les chevaux sont enfouis
plus profondément que les autres animaux. Mais
comme les profondeurs des fosses varient avec leur
position topographique, on ne sait pas lequel de ces
paramètres est à prendre en compte. Le fait que les
animaux soient soumis à différents traitements permet
de réaliser un essai d’anthropozoologie, afin d’en
tester les statuts respectifs.
La dernière partie (chapitre 8) est consacrée à l’interprétation,
et à un essai solitaire de caractérisation
du site, avec pour point de départ une comparaison
avec les sanctuaires gaulois et les habitats, et qui se
développe autour de deux hypothèses abordées de
manière assez libre, et tout à fait prématurée en l’absence
des résultats des études des autres spécialistes,
celle d’un lieu de culte et celle d’un camp de réfugiés,
d’assiégés ou d’un groupe en transit. À ce stade de
l’étude du site, il n’est pas tiré de conclusions de ces
essais.
First significant features and finds.
du 31 mai au 30 novembre 2014
à l’occasion du colloque de l’association française pour l’étude de l’âge du Fer.
Coproduction :
Musée de Picardie / Amiens Métropole - Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)
Commissariat de l’exposition
Noël MAHEO, conservateur en chef du patrimoine aux musées d’Amiens, chargé du département archéologie
Stéphane GAUDEFROY, Inrap
François MALRAIN, Inrap, UMR 8215 Trajectoires