Papers by BEATRIZ CANGAS RUMEU

2 "Venise, un printemps décanté, qui est réduit à son essence, et traduit l'allongement, l'échauf... more 2 "Venise, un printemps décanté, qui est réduit à son essence, et traduit l'allongement, l'échauffement, l'épanouissement graduel de ses tours par la fermentation progressive, non plus d'une terre impure mais d'une eau vierge et bleue, printanière sans porter des corolles, et qui ne pourrait répondre au mois de mais que par des reflets, travaillée par lui, s'accordant exactement à lui dans la nudité rayonnante et fixe de son sombre saphir. Aussi bien, pas plus que les saisons à ses bras de mer infleurissables, les modernes années n'apportent point de changement à la cité gothique; je le savais, je ne pouvais l'imaginer, ou, l'imaginant, voilà ce que je voulais, de ce même désir qui jadis, quand j'étais enfant, dans l'ardeur même du départ, avait brisé en moi la force de partir: me trouver face à face avec mes imaginations vénitiennes, contempler comment cette mer divisée enserrait ses méandres, comme les replis du fleuve Océan, une civilisation urbaine et raffinée, mais qui, isolée par leur ceinture azurée, s'était développée à part, avait eu à part ses écoles de peinture et d'architecture-jardin fabuleux de fruits et de oiseaux de pierre de couleur, fleuri au milieu de la mer qui venait le rafraîchir, frappait de son flux le fût des colonnes et, sur le puissant relief de chapiteux, comme un regard de sombre azur qui veille dans l'ombre pose par taches et fait remuer perpétuellement la lumière" 1 1 PROUST, Marcel, La prisonnière, págs. 397-398 3 Introducción:
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